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Absence du Burundi au sommet de Kigali : on n’y perd plus qu’on y gagne

Le Burundi n’était pas représenté au sommet extraordinaire des chefs d’État africains sur la zone de libre-échange continentale tenu ce jeudi 21 mars dans la capitale rwandaise.  Bujumbura se justifie par des raisons de sécurité  en indiquant que Kigali héberge des putschistes.  «Cela constitue-t-il une raison suffisante pour boycotter une rencontre qui, vraisemblablement, pose les fondations d’une Afrique nouvelle », s’interroge le blogueur Egide Nikiza.

La décision des autorités du Burundi est légitime. J’en conviens. Personne ne peut décider à la place d’un pays souverain, cela en vertu du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes.       Mais comme on aime le dire, « les États n’ont pas des ennemis éternels ni d’amis éternels mais qu’ils ont des intérêts éternels.»

La conférence dont il est question portait sur l’un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine : l’installation de la Zone de libre-échange continentale.  Ce projet pèse à peu près 2.500 milliards de dollars de PIB cumulés.

Je regrette que mon pays ait opté pour la politique de la chaise vide. Il ne fallait pas minimiser l’importance de ce projet qui a recueilli la signature de 44 Etats sur 55 qui constituent l’Afrique.  Assez pour dire que c’est toute l’Afrique qui l’a approuvé.

Voir loin

Le Burundi possède des économistes à mesure de cerner la question de la zone de libre-échange à l’échelle d’un continent. J’imagine que le pouvoir a demandé l’avis de certains, ceux qui lui sont proches tout au moins, sur sa participation ou non.   Et pour moi, aucun économiste digne de ce nom ne peut conseiller un gouvernement de s’absenter à un rendez-vous aussi déterminant pour l’avenir. Je souligne que ce projet était en discussion depuis 2012. Les relations étaient alors au beau fixe entre les deux pays, le Burundi et le Rwanda. L’initiative a précédé le contentieux.   

Si cela est possible, je conseille à nos dirigeants de changer leur fusil d’épaule pour les rencontres ultérieures. Le Burundi doit défendre ses intérêts même sur un territoire d’un pays «ennemi». Il peut même s’associer à lui, si c’est dans l’intérêt des générations futures.

À titre d’illustration, je rappelle que le président égyptien, Anouar El Sadate, a dû faire la paix avec l’Israël en 1977, un État ennemi traditionnel des Arabes, pour préserver les intérêts de son pays.    

Le successeur d’Abdel Gamal Nasser a effectué une visite en Israël dont la suite a été la signature en 1978 des accords de camp David entre l’Égypte et l’État hébreu. L’Israël cédera  le Sinaï qu’il avait occupé depuis la guerre de six jours de 1968.

Pourquoi pas un scénario pareil pour nous aussi ?

 


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Les commentaires récents (3)

  1. Bonjour cher ami,
    Loin d’être un fin analyste de la politique internationale et des relations entre Etats, je voudrais néanmoins intervenir sur ce sujet.
    Premièrement c’est pour commenter la décision du Burundi de ne pas envoyer des représentants à Kigali. Décision, comme vous le mentionnez, légitime. En effet, le Burundi a très bien expliqué les raisons de sa non participation. Etant donné que Kigali, selon Bujumbura n’a pas manifesté de bonne volonté pour vider le contentieux entre les deux pays, il est tout à fait normal que Bujumbura émette des doutes quant à la sécurité de sa délégation. J’apprendrais que le Président Museveni ne se serait pas rendu à Kigali pour les mêmes raisons de sécurité(http://www.theeastafrican.co.ke/news/Why-Museveni-called-off-his-trip-Rwanda-/2558-4351590-d4nuduz/index.html et http://www.monitor.co.ug/News/National/Why-Museveni-called-off-his-trip-Rwanda-/688334-4350944-jewhhyz/index.html ). Vous comprendrez cher monsieur que les questions de sécurité sont très importantes finalement.
    Deuxièmement, vous mentionnez bien qu’aucun économiste, de surcroît, burundais n’aurait conseillé le boycott. Je pense que c’est tout à fait vrai. Et le traité sera ou les accords signés continueront de faire objet de débats, lobby et négociations, et si le Burundi y trouve son compte (Surement qu’ils le trouveront), eh ben il ratifiera tout ces accords.
    Pour finir, je pense que les relations entre pays et la politique en générale, doivent s’analyser avec une certaine prise de hauteur en écartant les émotions.
    Je vous remercie.

    P.S: vous excuserez les fautes de français, j’apprends toujours…

    1. « …Les relations entre pays et la politique en générale, doivent s’analyser avec une certaine prise de hauteur en écartant les émotions »…
      En paraphrasant votre conclusion, on peut dire que celle-ci ne réflete pas du tout le contenu de votre réaction! Sinon comment pouvez vous qualifier une prise de position qui applaudit la politique de la chaise vide, sur base de considérations, dit-on de sécurite alors que le Burundi détient une ambassade fonctionelle et quelque diplomate accrédité à Kigali… Si l’éxécutif burundais au plus haut niveau ne pouvait ou disons vrai, ne voulait pas faire le déplacement, il pouvait néanmoins déléguer un diplomate de l’Ambassade du Burundi en poste à Kigali, prendre part à ce rendez-vous historique….
      Vous prenez le soin de nous dire (avec source d’info à l’appui) que le Président ougandais n’a pas fait le déplacement, semble-t-il, pour les memes raisons de sécurité, mais vous oubliez de préciser que malgré l’absence de son Président, l’Ouganda a dépeché quand mm son ministre des Affaires étrangeres! Quid du Burundi? voilà pourquoi je peux dire sans vous offenser que votre réaction est colorée d’émotions, donc loin d’etre objective,…
      En outre, le hic qu’on observe aujourd’hui dans l’intégration sous régionale -EAC- lié aux tensions diplomatiques entre les 3 pays, renforce ma conviction, à mon avis, que l’intégration continentale peut aider à relativiser la portée (car la géopolitique étant ce qu’elle…) et au mieux constituer un terrain fertile pour la résolution de ces genres de conflit à long terme! Je prend à témoin la relation conflictuelle -pour ne pas dire explosive- jadis entre certains pays de l’Europe de l’Est qui s’entendent mieux aujourd’hui grace à leur intégration dans l’Union Européenne… Merci

  2. Quelques soient les conflits ou toute mésentente, aucune excuse ne justifierait l’absence. Nous nous excluons volontairement du système économique qui devraient être une corde pour l’Afrique, donc on s’exclut de notre continent. Jamais la politique de la chaise vide n’a été une solution pour un problème.