Un récent décret présidentiel réglementant l’exploitation du tambour a provoqué des remous. Entre l’interdiction aux femmes de s’approcher de ce patrimoine culturel et les lourdes amendes infligées aux contrevenants aux autres règles, la société burundaise est divisée. La blogueuse Naomi Irakoze tranche.
Le récent décret réglementant l’utilisation du tambour a fait couler beaucoup d’encre et de salive, et avec raison. Pour ma part je dirais qu’il vient à point nommé. Il est vrai qu’une somme de 500 000 FBU et une demande d’autorisation qui sera sans doute aussi payante reviennent à mettre des bâtons dans les roues aux tambourinaires, mais vu à quel point le tambour était banalisé, il fallait une telle loi. À chaque détour de ruelle, on jouait du tambour. Mariages, dots et j’en passe, étaient de bons prétextes pour sortir les imirisho (les baguettes en bois avec lesquelles on tape sur le tambour). Tout le sacré autour de l’Ingoma s’était évaporé.
L’autre point qui fâche est l’interdiction catégorique aux femmes/filles d’en jouer. Eh bien mes sœurs, au risque de vous décevoir, je suis d’accord avec cela. Plutôt je dirais que la culture le veut ainsi. Je trouve que notre culture nous donne la place qu’il nous faut. Avec les danses ou les chants (Imvyino). Je pense que l’on a assez de champs pour exprimer nos talents, notre élégance et délicatesse. Pourquoi vouloir à tout prix jouer du tambour ? Pratique par ailleurs physique qui tendrait à empiéter sur notre féminité.
Un patrimoine lourd de symboles
Il y a quelques années, c’est au cours d’un voyage d’étude au Musée national de Gitega que j’ai pu avoir l’explication de ce que représente réellement le tambour. En premier lieu, j’appris qu’il symbolisait la royauté et le Burundi. Il est aussi synonyme de célébration, de joie et il est joué lors des fêtes nationales (Umuganuro ou intronisation des rois). Dans le jeu et les danses des Abatimbo (tambourinaires), on y voit la bravoure, le dynamisme et l’élégance du Burundais. Jouer du tambour revient aussi à démontrer la force et le courage du jeune guerrier jurant fidélité devant son roi.
Mais au-delà de tout ça, le tambour symbolise aussi le corps de la femme. Même que les parties qui composent l’Ingoma font référence à l’anatomie féminine : amabere (les seins), Inda y’Ingoma (l’abdomen), Mu kibenga (le vagin), etc. Le fait aussi de battre le tambour est un jeu de caresses et d’ébats amoureux.
C’est l’empiétement de ces symboles qui hérissait le vieux gardien du tambour Antime Baranshakaje, qui de son vivant, répondait à ce sujet d’un ton sévère : « Comment une femme pourrait-elle se battre elle-même ? C’est de la masturbation ! » À vous donc qui pensez que cette interdiction serait un coup à l’émancipation de la femme burundaise, je dirais que égalité des genres ne dit pas rivaliser avec l’homme, ni partir à l’abordage de tout ce qui fait notre culture.
pourquoi ne pas donner un interview au femmes qui battait le tambour.avoir leur cote des choses apres tu pourras former une opinion bien informer sur le sujet.
moi je suis contre ce decret.une femme peut battre le tambour .il n’y a rien de sacre a propos du tambour.
le tambour burundais montre comment nos ancestres etait des genies dans leur temps.il faut prendre exemple que nous burundais sommes aussi capable de faire de meme dans notre ere que tu sois fille ou garcon.
Chère blogueuse, Comme vous le soulignez, oui le tambour représentait(permettez que j’utilise le passé?) le corps féminin, mais aussi vous rappelez qu’il était le symbole de la royauté (en effet il était battu seulement en la présence du roi), pourquoi ignorer cette autre partie là de la culture? En gardienne du patrimoine culturel, ne serait il pas plus juste de votre part de proposer de banir le tambour vu que nous n’avons plus de roi ,ni de fête y’ umuganuro? Question
Étant Blogueuse, une femme doit se sentir à l’aise en tout ce qu’elle veut ,le tambour ne signifie pas seulement que l’homme est son maître.
Le tambour est symbole et le patrimoine national de notre pays que chacune et chacun doit présenter et défendre partout dans le monde.
Nous nous battons fort et à haute voix que tout un peuple Burundais puisse battre et jouer ce formidable tambour.