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«L’exploitation du pétrole dans le bassin du lac Tanganyika comporte d’énormes risques»

Mercredi 7 juin 2017, le Burundi abritait la 8ème conférence des États de la Communauté est-africaine sur le pétrole et le gaz. À cette occasion, le ministre burundais de l’Energie et des Mines a fait savoir que des prospections sont en cours dans le bassin du lac Tanganyika en vue d’une exploitation des hydrocarbures dans ce lac. Une bonne nouvelle en soi, mais après des recherches, le blogueur Egide Nikiza appelle à la prudence.

La « bonne nouvelle » ne devrait laisser aucun Burundais indifférent. L’exploitation de l’or noir suppose normalement l’accroissement des ressources, par ricochet l’amélioration des conditions de vie de la population.

J’ai personnellement jubilé quand j’ai eu parfum de cette information. J’ai aussitôt pensé à la multiplication des infrastructures publiques, à la création d’emplois pour les jeunes,…. Bref, au relèvement du pouvoir d’achat des Burundais. Avec des retombées dues à son exploitation, plus jamais de maisons en paille, plus jamais de mendiants,  me disais-je.  

Une allégresse éphémère  

Ma liesse sera momentanée malheureusement. En moins de deux jours, j’ai pris connaissance d’une étude interdisant l’exploitation du pétrole dans le bassin du lac Tanganyika. Une équipe de 70 scientifiques pilotés par Erik Verheyen, biologiste belge de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, tire la sonnette d’alarme.

Dans une étude publiée le 4 novembre 2016 dans la célèbre revue appelée Science, ces chercheurs préviennent «une catastrophe écologique annoncée» en cas de l’exploitation pétrolière et gazière dans le bassin du lac Tanganyika.      

Les raisons avancées

Les 70 scientifiques soutiennent que l’exploitation du pétrole et du gaz dans le bassin dudit lac comporte d’énormes risques « pour 10 millions de personnes dont la vie en dépend largement ». Des fuites de pétrole pourraient détruire l’écosystème entier, perturber la pêche et la sécurité alimentaire, polluer l’eau potable et mettre en danger la santé des riverains, y compris dans le Bassin du Congo où s’écoulent lentement les eaux du lac Tanganyika.

Ils indiquent que la région des Grands Lacs forme des écosystèmes relativement fermés. A titre d’exemple, ils font savoir que l’eau du lac Tanganyika se renouvèle en à peu près 7000 ans. Leur étude laisse entendre qu’il faudrait pour ce faire des millénaires pour se remettre d’une catastrophe pétrolière.

Ils évoquent également la position géographique du lac Tanganyika. « Sa position reculée rendrait extrêmement difficile une intervention rapide et efficace en cas de fuite du pétrole».

Ils insistent sur la précarité sécuritaire dans la région. «Une grande partie de l’Afrique de l’Est est politiquement instable, la concurrence pour accéder à ces réserves de combustibles fossiles pourrait mener à des sabotages ».

Et d’illustrer leur thèse par l’expérience de l’exploitation du pétrole dans le delta du fleuve Niger. Au lieu de stimuler le développement, elle a été la source de pauvreté et de conflits.    

Ce que j’en déduis

Nul n’ignore que le lac Tanganyika présente déjà beaucoup d’avantages aux Burundais. Les habitants de la ville et de ses environs consomment l’eau de ce lac. Celui-ci contient plusieurs types de poissons. Certains introuvables nulle part ailleurs au monde (Ndagalas par exemple).

La balle est dans le camp des autorités. Ils doivent comprendre le concept « développement » à travers toutes ses trois dimensions : économique, social et environnemental.  

Mon avis est de balancer entre les inconvénients et les avantages avant d’autoriser l’exploitation du pétrole dans ce lac, penser aux générations futures qu’à une prospérité éphémère.

À quoi servirait la production des hydrocarbures dans le bassin du lac Tanganyika s’il était avéré qu’elle pourrait entraîner des dommages non contrôlables et très nuisibles à la santé des Burundais, cela sur plusieurs années ?  

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Les commentaires récents (5)

  1. ça serait mieux mais j’ai l’habitude d’entendre beaucoup de projets rentables pour le pays mais qui restent seulement dans les paroles sans les mettre en oeuvre.Comme suggestion il faut que l’Etat le mette en application le plus rapidement possible car nous sommes fatigués de cette misère dans la quelle nous vivons.

  2. sha nibarekane nivyo vyibitoro tubandanye kwirira les Ndagaras wibaza ko twebwe Abavukiye kunkobe ya Tanganyika nka za *Kabezi* ,*Gitaza*, *Magara* kubanfanya ko twokwihanganira kubaho tutarya umukeke??? cank *Umuneke* huuuu