Voici l’appel sans ambiguïté du blogueur Apollinaire Nkurunziza envers les étudiants de l’Université du Burundi qui observent un mouvement de grève depuis bientôt un mois. Dans cette lettre, il exhorte ceux qui se font appeler poilissimes à retourner dans les amphithéâtres au lieu d’engager un combat perdu d’avance.
Chers omniprésents et honorables poilissimes,
Permettez-moi de vous adresser mon soutien moral pour la noble cause que vous défendez, mais également vous partager mes inquiétudes par rapport au combat que vous menez.
En effet, honorables poilissimes, ça fait peu de temps que je ne suis plus candidat aux « amatongo » (les bancs, ndlr) de l’amphithéâtre Ntahokaja. Cependant, j’en ai assez du désordre qui règne à l’Université du Burundi. Les grèves récurrentes, routine dans la vie des étudiants burundais, sont au menu du programme de cette pépinière de l’élite du pays. Il y a au minimum une grève par an. Les causes sont les mêmes : retard de la maigre bourse, unique source financière des étudiants – du moins pour la plupart ; les questions académiques touchant directement ou indirectement les étudiants. Et c’est cette dernière raison qui vous concerne, aujourd’hui.
Honorables poilissimes, vous expérimentez des moments durs qui ont toujours marqué la vie d’un étudiant de l’Université du Burundi: réclamer ses droits et préparer un chemin meilleur à ses successeurs, qui sont entretemps nos petits frères et sœurs. Vous vous levez pour exiger des éclaircissements sur le prochain prêt-bourse réservé aux futurs étudiants. Acte louable ! Faire des réclamations pour des affaires dont on ne tire pas profit n’est pas de l’habitude des Barundi. C’est là où résident la clairvoyance et la bravoure des poilissimes.
La loi de la survie
Cependant, honorables poilissimes, tout change, tout évolue. Si, dans le temps, il a été favorablement possible d’engager unanimement des réclamations, l’atmosphère actuelle me semble maussade et imperméable pour cette cause noble. Pourquoi ? Dans les campus – contrairement aux années écoulées- la solidarité, l’unité et l’entraide mutuelle ne sont qu’illusoires aujourd’hui. Au lendemain de la suppression de l’ « ASSER » ( ancienne association des étudiants), une nouvelle terminologie de « dissidence» a vu le jour. Dès lors, toute forme de revendication est bipolaire et n’aboutit plus. Toute stratégie qu’adoptent les poilissimes est déjouée, avant de produire des effets. Et des sanctions sont régime : exclusions, annulation de l’année académique ou fermeture des homes universitaires. En témoigne la récente exclusion de vos braves délégués. Et voilà que même le peu de « poilissima » – qui s’acquiert par les rites que nul poilissime n’ignore – qui restait n’est plus : certains d’entre vous ne connaissent le baptême ou l’intégration que par ouï-dire, valeurs par lesquelles on inculque un esprit d’unité et de solidarité. Ainsi donc, comment pourriez-vous lutter ensemble sans avoir été passé dans une même moule pour avoir une même forme, un même esprit ?
Et d’ailleurs, il était de coutume que tout mouvement de revendication académique prenne source dans cette communauté des poilissimes pour se répandre dans d’autres universités, mais voilà que les choses tournent à l’envers : vous emboitez le pas aux autres. N’est-ce pas une autre faiblesse ?
Pire, cette grève tombe au moment où le pays vient de traverser une crise politico-sécuritaire dont les plaies ne sont jusqu’ici bien cicatrisées. Moment inopportun ! Car, il est fort possible de vous lier, à tort ou à raison, aux mouvements insurrectionnels qui se cacheraient derrière des réclamations académiques, pour replonger le pays dans le chaos.
En bref, chers poilissimes, il est vrai que « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » mais rappelez-vous que les temps ont changé et daignez regagner les auditoires au lieu de risquer votre vie dans un bras de fer contre un homme-monstre. Seulement, j’espère que nos jeunes frères et sœurs reconnaitront votre initiative, quoiqu’inaboutie.
je trouve que ce que vous venez de leur dire est la pure des VERITES! Les climats politiques,sociaux,Economiques actuels ne sont pas du tout favorable pour entamer des mouvements de GREVE.. Je suis aussi une Etudiante et je comprends parfaitement leurs DOLEANCES,mais je me demande si ils sont PRETS A assumer les imminentes CONSEQUENCES y relatives! Wait and see
Merci!
soyons unis hon poillissmes c est le futur burundi .mieux déceder que dissider.
songer aussi aux entrepreneurs en Environnement