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Formations à l’étranger : une occasion de fuir le pays ?

Lors des formations à l’étranger, plusieurs jeunes  profitent de l’opportunité pour disparaître dans la nature. Malheureusement, comme le constate le blogueur Yannick Ndayisaba, ces « fugueurs » ne pensent pas aux conséquences de leur acte. « Quel honneur font-ils alors aux institutions qui les ont envoyés ? Quelle image donnent-ils de leur pays? Pensent-ils aux répercussions de leurs actions sur les futurs  candidats ?», s’interroge le blogueur.

Le Burundi, est-il besoin de le rappeler, figure parmi les pays les plus pauvres au monde. Pour relever ce défi, il doit compter sur son grand capital, la jeunesse. C’est dans cette perspective que plusieurs organisations internationales créent des opportunités pour investir dans cet immense potentiel. Certaines de ces initiatives proposent aux futurs leaders et entrepreneurs (burundais) des compétences, des outils, des opportunités leur permettant de réaliser leurs rêves, de nouer des contacts avec les leaders et professionnels au sein de la prochaine génération de leaders africains et ainsi bâtir l’avenir de leur pays. Sélectionnés parmi des milliers, ces jeunes s’engagent alors à mettre les compétences acquises au service de leur pays et de leurs communautés.

Eh bien, si jamais votre ami ou votre frère décroche une opportunité pareille, serre-le fort dans tes bras et dis-lui « félicitations » comme si tu lui disais adieu. Rien ne t’assure que tu le reverras nécessairement après la formation car certains jeunes espoirs en profitent pour disparaître.

Aucune intention de « retourner au pays »

« Je vais tenter ma chance ailleurs ». Tel est le genre de message qu’on reçoit de la part d’un ami ou membre de famille après s’être faufilé en Europe ou avoir franchi la frontière canado-américaine alors qu’on le croyait en formation aux USA. Certes, je passerai pour un « contre-succès » en critiquant cette pratique.

Ce phénomène m’invite, et devrait tous nous inviter d’ailleurs, à une profonde réflexion. Je souhaite que mes frères gagnent une vie décente, mais pas de cette façon. C’est pourquoi je me questionne sur les vraies intentions des jeunes burundais qui postulent aux différents programmes d’échange. Il est clair, comme un éléphant sur le gazon, qu’au-delà de n’avoir aucune envie de « retour au pays natal », ils n’ont pas d’arrière-projet en postulant à ces programmes. Ce qui est aberrant, c’est que lors des différentes interviews de sélection, ils affirment avoir d’ambitieux projets de société. Eh bien si la jeunesse actuelle est aussi démagogue que ses aînés, on n’est pas sorti de l’auberge.

Quel impact pouvons-nous espérer de ces jeunes sur notre pays? Avant de décoller, ils promettent que, de retour à la maison, ils partageront leurs compétences avec les jeunes burundais et les inciteront à impacter plus efficacement leur pays. Et bien, si nous devrions les prendre au mot, je dirais aux Canadiens et autres d’ouvrir grandement leurs frontières.

Une tendance lourde qui met en péril nos opportunités

Quid de la méritocratie ? Ce qui est sûr, c’est que ces profiteurs pénalisent leurs frères de deux façons : ils prennent des places qu’ils ne méritent pas et ferment les portes aux opportunités par lesquelles ils sont passés. Quel honneur les fugueurs font-ils alors aux institutions qui leur ont fait confiance pour ces opportunités et quelle image donnent-ils de leur pays? S’interrogent-ils  au moins au sujet des répercussions de leurs actions sur les futurs  candidats?

Chers frères fugueurs qui croyez avoir vu clair en filant en Europe, aux USA ou au Canada réputé pour son hospitalité, sachez deux choses : les organisateurs de ces formations seront à la longue dépités par votre comportement et fermeront ce circuit pourtant porteur de belles opportunités pour nous. Et puis, souvenez-vous que sur la liste de ceux avec qui vous compétiez figuraient des jeunes burundais qui ne cessent de nous épater, des jeunes dont l’influence dépasse les frontières. Bref, des jeunes aux talents pluridisciplinaires. Une vitrine au réseautage leur aurait été ouverte mais vous avez pris leur place.

Cela ne vous hante pas ?

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Les commentaires récents (5)

  1. Cher blogueur et tous, je viens de lire votre article, je suis parmi ceux qui ont eu la chance de faire les études en Europe pdt 10 ans , je suis retourné et je le regrette parfois. Si vous vous intéressez à ceux qui sont revenus, allez demander à l’hôpital prince régent Charles, 3 médecins spécialistes formées à l’etranger et rentrées pr servir la Nation viennent de passer entre 3 et 6 mois sans salaire, que conseilleront-elles à leurs collègues encore en formation à l’Étranger? De rentrer ou aller se chercher ailleurs? Je suis un des rares spécialistes dans mon domaine, mais mon salaire ne peut pas me payer le loyer . Pensez-vous que l’endurance n’a pas de fin? Rentrer oui mais il faut créer des opportunités pour ceux qui rentrent. Les uns diront qu’il nous faut créer l’emploi, je n’en disconviens pas , mais il doit y avoir le minimum de conditions.

  2. Mon cher Yannick,
    Merci pour ce clin d’oeil, mais…aurais-tu préféré qu’ils tentent comme certains, la traversée de la Méditerranée sur des radeaux de fortune au péril de leur vie après s’être faits traiter comme des bêtes sauvages dans les pays maghrébins et en Libye? Ceux-là au moins, les nôtres, partent dans la dignité. Il ne reste qu’à espérer qu’ils n’ont pas la mémoire courte et qu’ils n’oublient pas ceux qu’ils ont laissés derrière. Connaissant mes chers compatriotes, les Burundais, je suis rassuré en ce qui me concerne sur ce point. Mais toi-même mon cher Yannick, es-tu sûr que tu résisterais à la tentation de faire comme ceux que tu fustiges, si l’occasion t’était offerte? N’es-tu pas en train de nous dire le contraire de ce que tu penses réellement?

  3. Désolé de vous décevoir : Depuis la période des Manamba, chaque murundi qui ne se sentait pas en sécurité physique et/ou économique a cherché à partir et s’installer ailleurs. Les problèmes politiques ont aggravé la situation : demandez à ceux qui étaient partis aux études et qui ne sont jamais revenus après 1972 et les années qui ont suivi. Travaillons tous pour une bonne gouvernance. Quand elle sera installée, vous serez surpris de voir une richesse humaine regagner le bercail. Le reste, ce sont des points de vue intellectuels qu’il faut respecter mais que la réalité rend nulles. Murantunga.

  4. Cher blogueur ,ton opinion est pertinent mais comme l a dit mon confrère Dr Joe….faut qu il y ait un minimum de conditions,pour qu une fois,les « cervaux » rentrés,puissent s’épanouir dans leur travail ……believe me,on est nombreux à être « pas encore » retourne au bercail pas à cause de l’oubli de la mère patrie,mais pour des conditions de travail purement « impossibles » pour le moment…..tout en esperant un lendemain meilleur pour mon pays

  5. Cher Yannick,

    Tu sais ce qui me hante ? C’est de recevoir un autre appel qui m’informe que un énième membre de la famille, un ami ou une connaissance est décédé. Dans cette période d’insécurité j’encourage tout les burundais qui en sont capable de partir peu importe les raisons utilisées.

    J’ai grandi en entendant dire que les jeunes sont le Burundi de demain et j’ai aussi vu à plusieurs reprises que le gouvernement ne respecte pas ces soit disant Burundi de demain. J’en conviens qu’on ne peut pas toujours attendre après les autorités mais on attend un minimum de respect de la dignité humaine peu importe l’ethnie ou la classe sociale de chaque Burundais.

    J’habite à l’étranger depuis plusieurs années et Dieu sait à quel point j’aurais voulu rester dans mon Burundi natal. J’aurais voulu que mes enfants connaissent le pays de leurs ancêtres mais voilà que je ne peux même pas leur offrir cette opportunité. On le sait tous, il n’y a pas si longtemps à quel point le Burundi était dangereux pour la jeunesse et tu as le culot aujourd’hui de nous dire sur cette plateforme que la jeunesse devrait retourner au Burundi?(!) Pour faire quoi exactement en fait ? Pour passer ses journées à rien faire, pour aller voler dans les maisons des dirigeants du pays par nécessité? Il y a déjà une grande partie de la jeunesse Burundaise qui passe ses journées à rien faire et tu trouves que le nombre de chômeurs n’est pas assez élevée à ton goût au Burundi?

    En lisant ton texte, je me suis peut-être dit que tu compares le Burundi et le Rwanda mais ces deux pays sont incomparables dans la vision qu’ils ont du développement de leurs pays respectifs et surtout la perception de leurs citoyens qui se trouvent à l’étranger. Personnellement, c’est illogique que quelqu’un puisse quitter un pays où il a vécu quelques années ou même un pays où il voit que son niveau de vie en sera grandement amélioré pour retourner dans son pays d’origine où sa sécurité est constamment menacée. Ça va au delà d’une question d’opportunité mais c’est aussi une question de vie ou de mort (une réflexion beaucoup plus approfondie sur ce sujet aurait été appréciée) et avant de juger des gens qui partent, mets-toi un peu à leur place.