Dans ce conte, le blogueur Ivan-Corneille Magagi III veut nous présenter l’improbable origine des systèmes démocratiques et tyranniques. Un récit aux allures de fiction, mais qui nous amène de façon intelligente à réfléchir sur certains de nos choix politiques.
Il était une fois un pays merveilleux dans lequel ne vivaient que des objets qui avaient tous la parole. Il n’y vivait ni homme, ni animal. Un jour, voulant établir l’ordre sur leur société, la population de ce pays décida de trouver un maire à chaque ville. Par étrange coïncidence, il n’y eut pour candidats qu’un livre et une épée dans chaque ville. Il y avait selon les villes de longues ou courtes épées, aiguisées ou gâtées, les unes plus solides que les autres, mais elles étaient toutes des épées et représentaient un pouvoir de fer. Il y avait selon les villes de grands ou petits livres, trop ou pas du tout intéressants, antiques ou neufs, mais ils étaient tous des livres et représentaient un pouvoir de raison et de logique.
Le jour du choix
Vint le jour du choix. Il fut accordé aux candidats un moment de débat public pour convaincre les électeurs avant d’aller aux urnes. Dans toutes les villes, les épées proposaient des objectifs, sans montrer comment les réaliser. Ainsi naquit le terme de démagogie. Les épées étaient persuadées qu’elles pouvaient diriger leurs villes en autarcie, sans se soucier des règles qui prévalaient ailleurs. Elles promettaient de grandes œuvres qui ne pouvaient être atteintes. Aucune épée n’était en accord avec les exigences réelles et actuelles du pays, au lieu de quoi elles agitaient les démons du passé pour diviser le peuple et diaboliser leurs adversaires. Elles reprochaient tout aux livres, qu’ils croyaient être les seuls détenteurs du savoir, et qu’ils sont dans les faits trop faibles pour savoir diriger.
Les livres s’en défendirent en avançant l’argument qu’ils avaient passé des siècles à se cultiver et s’enrichir mutuellement, pour étudier les valeurs décentes à une bonne société, alors qu’en même temps les épées n’étaient occupées qu’à jouer à des jeux de guerre. Les livres prirent le devant et abordèrent des sujets que toutes les épées avaient ignorés. Ils proposèrent une alternance politique pacifique, des statistiques pour une relance de l’économie, la liberté d’expression, la promotion des droits de l’homme, la lutte contre la corruption, l’émancipation de la femme, la bonne gouvernance…
Le gros du temps qu’il leur était donné pour convaincre, les épées le passèrent à fustiger leurs adversaires au moment où ces derniers étaient occupés à séduire par des idées nouvelles, riches et innovatrices.
L’investiture
Les électeurs semblaient redouter les épées qu’ils jugeaient contre les valeurs de la paix, de la stabilité et de la liberté. Personne ne voulait d’une épée à la mairie. Il y eut pourtant des épées qui devinrent maires par on ne sait quelle magie. Dans d’autres villes, les épées firent alliance avec les gourdins et les massues, tantôt pour faire tomber les livres fraichement élus, tantôt pour tricher aux élections en connivence avec certains livres traîtres. La plupart des épées maires n’ont jamais voulu quitter le pouvoir. Quand exigence il y avait, ils se le transmirent de père en fils ou d’ami en ami.
C’est ainsi que les villes qui avaient des livres pour maire devinrent démocratiques, et celles qui avaient des épées pour maires sombrèrent dans une tyrannie inouïe. La démocratie n’était pas cependant chose acquise. Il fallut lutter pour la sauvegarder, car en tout temps il plaisait aux épées de déchiqueter les pages des livres. Les puissances démocratiques décidèrent alors de prendre des sanctions contre les tyrans, d’où les peuples tyrannisés vivent dans l’attente d’une éventuelle libération jusqu’à ce jour.
T’as Raison
waouh coup de chapeau A toi! Cet article est riche en images et en symboles politiques… ca m’a beaucoup INTERESSE!
MERCI
Merci Fleurette!