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Décès d’Antime Baranshakaje ou l’aveu de l’hypocrisie burundaise

Une icône de la culture burundaise s’est éteinte dans la nuit de ce 9 avril. Le célèbre tambourinaire et gardien du sanctuaire de Gishora a passé l’arme (ou l’umurisho) à gauche presque dans l’indifférence totale. Une fin qui révolte la blogueuse Naomi Irakoze. Coup de gueule. 

Après nous avoir émerveillés avec son immense talent, son jeu splendide de l’Ingoma, ces sauts à couper le souffle, sa connaissance, il est parti, presque dans l’indifférence de tous ceux-là qui l’applaudissaient sans s’économiser. Eh oui, tant que le vieux tambourinaire pouvait encore nous divertir, nous égailler avec cette élégance légendaire des Abatimbo reconnue mondialement, on parlait de lui. Ça c’était avant ! 

Enfant, je ne ratais jamais l’ouverture de la Télévision nationale, juste pour voir le majestueux vieux au sourire édenté sauter comme une gazelle. Qu’est-ce que je l’admirais cet ancien et combien je rêvais de le rencontrer. Par après, j’ai su qu’il avait représenté à plusieurs occasions le pays de Ntare Rugamba et avait permis au monde de découvrir Ingoma, notre fierté nationale. Combien de récompenses a-t-il permis au Burundi de remporter ? En tant que gardien du tambour il s’est battu pour sauvegarder une partie de notre culture. Bien plus, il y a peu, le tambour a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et il y a contribué je me dis. 

Mais au fait quel a été notre reconnaissance envers ce grand homme ? Voilà qu’après des mois passés dans un hôpital, il s’est éteint, presque dans le dénuement. Ses enfants n’avaient pas cessé de crier au secours, après que le vénérable Antime  s’est fracturé un os dans une méchante chute. Entendre qu’il n’a pas pu avoir les moyens nécessaires pour aller se faire soigner à l’étranger, c’est tout simplement…aberrant, au vu de tout ce qu’il a fait pour notre pays ! 

Artistes burundais, les mal-aimés ! 

La situation d’Antime s’inscrit dans un registre plus vaste. Il y a quelques jours une émission radiophonique m’a laissée pleine d’amertume. Qui ne connait pas la chanson « Nkoni Yera », ou encore  » Amabano y’inka » jouées ici et là dans les cérémonies ou concerts ? Mais entendre que Générose Nacumi, celle qui les a composées aujourd’hui très âgée, habite seule dans un taudis, sans  personne pour s’occuper d’elle est tout simplement révoltant !

Le 6 avril on se souvenait de Canjo Amisi, un autre grand musicien, chanteur burundais qui a remporté plusieurs prix, notamment le prix Moulin d’Or en 1981 aux Pays-Bas, le prix Calao en 1982 à Dakar. Le père de Umugabo w’ukuri, Ewe Burundi ou Garukira aho est mort, semble-t-il, parce qu’il n’avait pas l’argent de se faire soigner! Non, mais sérieusement !

J’avoue qu’aujourd’hui j’ai honte  de nous Burundais. La mort de ceux-là est parvenue à nos oreilles parce qu’ils étaient connus. Combien d’artistes sont morts dans le besoin et dans le secret ? Stars idolâtrées, acclamées dans la lumière de la scène, mais étoiles qui s’éteignent dans l’obscurité des coulisses pleines d’indigences. 

Et dire qu’aujourd’hui y en a qui se disputent la présidence de l’Amical des musiciens.  Pour quel intérêt? 

Cher Antime igire amahoro (pars en paix, ndlr), et pardonne nous !

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Les commentaires récents (2)

  1. Canco Hamisi, Nikiza David(Niki Dave) et Antime Baranshakaje, tous sont morts malades. et quand je dis k les Barundi turi ba bahe biyake, ils me sautent decu. etre artist Burundais c’est dur, mais quand tu es recompensE, bose baza bakwirukako, et quand tu es malade, ntibakuzi.

  2. Bonjour,
    Il y a eu en France une série d’émissions à la TV sur le Burundi il y a environ 40 ans, j’avais été impressionné par ces tambours royaux et leurs batteurs.
    Je vous comprends Naomi, on se souviens trop souvent des mauvais ou des méchants, parfois même on leur fait trop d’honneur comme certains criminels, et on oublie ou délaissent les bons.
    Et il y a des gens comme vous qui dénoncent et réhaussent le niveau.
    Continuez,

    bernard