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Burundi : « le terrorisme », nouveau mot-clé du régime?

Depuis que le Burundi est en crise, puis sous sanctions financières,  Bujumbura brille par sa surenchère verbale, le «  terrorisme » étant devenu l’un des mots-clés, car utilisé à tout-va, du moins selon le blogueur Moise Bukuru.

Des tweets à l’emporte-pièce, parfois des insultes et calomnies,…, Bujumbura semble vociférer sur « tout le monde ». Et l’on est tenté de penser, à tort, que les réseaux sociaux constituent pour les Burundais une carte blanche, un défouloir,  un comptoir de « Chez Gérard » (un célèbre bar de Bujumbura), le seul endroit où les propos, distillés sous l’effet de la mousse, sont classés sans suite.  

Difficile de passer sous silence certaines sorties : « L’UE soutient le terrorisme au Burundi ! » Vraiment ? Les mots ne sont pas venus d’un simple militant politique, un suiveur lambda, mais de hautes autorités du pays.

Et que penser d’une telle accusation ? Evidemment rien ! Rien parce que personne ne s’en émeut. Rien parce que la charge verse dans l’excès, et que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Surtout, rien parce qu’on ne prend plus au sérieux certaines réactions. Et que devient une autorité dont la parole n’est plus à considérer ? « C’est Twitter », nous dira-t-on. Ah oui, c’est Twitter, mais les petites piques en 140 caractères tiennent pour des réactions officielles. Ça s’appelle « utilisation responsable des réseaux sociaux ». Comme par exemple le chef de l’Etat qui n’est pas avare de qualificatifs à propos de certains actes de violence. Le dernier en date étant celui de Buyenzi, en Mairie de Bujumbura : « Le terrorisme a encore frappé au Burundi et en Espagne…».

Mais là encore : peut-on vraiment comparer ce qui s’est passé à Barcelone et ce qui se passe chez nous ? En Espagne, ou au Burkina par exemple, le monde entier a condamné « des attaques terroristes » qui  plus est, sont revendiquées. Au Burundi, rien des deux ne se passe. Les seuls à y voir le terrorisme, ce sont les dirigeants, et les condamnations ne viennent que d’eux-mêmes. Mais qu’importe ? On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Sauf qu’au bout du compte, des questions fusent, sans jamais trouver de réponse : quand est-ce que les actes de criminalité signalés ici et là sont devenus des actes de terrorisme ? Comment peut-on accuser l’UE de soutenir le terrorisme au Burundi, puis revenir lui demander de payer les soldats partis combattre le même mal…en Somalie ?

La crise de parole nous guette. Les revers d’une comm’ de trop, le courroux des sanctions financières, risquent de nous amener très loin.  

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Les commentaires récents (3)

  1. « Le terrorisme est l’usage de la violence envers des innocents à des fins politiques, religieuses ou idéologiques « ( Cfr. Wiki ).
    Ce qui se passe au Burundi c’est bien cela. Les autorités Barundi ont raison de dire ce qu’ils disent.
    Le conteste géopolitique cible l’Europe comme lieu d’où part l’agression contre le Burundi. Les familles d’anciens colons européens font face à la mutation des rapports de forces dans le monde. La Chine est entrain de les dribbler.
    Bien à vous Diallo Abou Moussa ( Burundi-agnews.org )

  2. Je ne veux pas polemiquer sur l’utilisation du mot « terrorisme » mais j’aimerais savoir seulement la definition que l’auteur donne au terme.
    Ensuite, je comprends la colere contre l’usage du mot….mais ne serait-il pas aussi judicieux de se mettre en colere contre les vies fauchees par les grenades lancees?

    Est-ce que les vies des burundais tues a coup de grenades lancees sont- elles de moins de valeur parce que personne ne s’en preoccupe comme a Barcelone ou a Ouaga?

    Faut-il condamner l’utilisation du mot ou l’acte qui conduit a la destruction de vies humaines? L’hypocrisie et l’insensibilite des Burundais deviennent de plus en plus ridicules…

  3. Pour l’auteur si les jets de grenades à Buyenzi ou ailleur au Burundi ne sont pas condamné par la communauté internationale, ils ne sont pas des actes de terrorisme, pire encore si on lit entre les lignes ces actes barbares qui emportent des vies humaines sont justifiables.