La date du 8 mars, journée dédiée à la femme, tombe au moment où le pays traverse des moments troubles. Sa célébration est quasi inexistante chez certaines. La blogueuse Louise Riziki a recueilli des témoignages.
Chantal, une jeune femme du quartier Musaga n’a plus de mari depuis 2015. « C’était lui qui me rappelait cette date, la veille, avec un SMS de réconfort», se rappelle-t-elle tristement. Le 7 mars 2016, elle reçoit le dernier message de son mari formulé en ces mots : « Pour tout ce que tu endures dans cette société qui aime discréditer la femme, je te souhaite une très bonne fête, et te soutiens toujours dans ton combat pour l’épanouissement de la gente féminine.» Quelques jours plus tard, il succombe des suites de blessures reçues lors d’une attaque à la grenade dans le quartier de Gihosha. « Ce 8 mars 2017, je vais le célébrer en me recueillant sur sa tombe», confie-t-elle.
Ariane, une mère de trois enfants, habite le quartier Kamenge au nord de Bujumbura. Elle compte célébrer ce 8 mars 2017 à la prison centrale de Bujumbura (Mpimba), là où son mari est incarcéré depuis le 8 mars 2014, après qu’une manifestation aie dégénérée à la permanence du parti MSD dans le quartier Kinanira.
« Si je devais faire un vœu en cette date, ça ne serait pas la parité homme-femme, mais plutôt que je retrouve mon fils sain et sauf », raconte une femme dont le seul et unique fils est porté disparu depuis novembre 2015, après les attaques simultanées des camps Ngagara et Muha.
Si ces trois femmes pleurent des proches perdus, d’autres parlent d’une vie devenue rude, invivable. « On peut toujours aller défiler pour ces dignitaires qui ne manquent peut-être de rien, mais j’aimerais qu’ils sachent que maintenant, moi n’y vais pas de gaîté de cœur », assure Maman Solange, veuve travaillant à l’hôpital Prince Louis Rwagasore, qui vit avec un revenu mensuel de 250 000fbu, paye seule son loyer et doit élever trois enfants, dans la précarité.