L’évènement qui a squatté les fils d’actualité des internautes burundais tout le long du week-end est bel et bien le « Bujumbura Peace Run », une compétition sportive organisée dans le cadre de la Communauté Est-africaine comme le rapporte la RTNB. Même si la course a été rehaussée par le président de la République lui-même, le blogueur Ivan-Corneille Magagi III se pose des questions sur le bien fondé de cet évènement. Il dénonce dans ce billet un marketing qui ne tient pas compte des réalités.
L’heure des festivités passée, place aux trouble-fêtes, donc moi. Bujumbura Peace Run, voilà un spectacle hypocrite qui ne va pas me manquer ! Il était peut-être réussi vu la quantité et la qualité de ses participants. Je féliciterais d’ailleurs ses organisateurs, des jeunes selon les informations disponibles sur le site d’Africa Mashariki Fest. À l’annonce de l’évènement, je croyais que ça allait être une démonstration comme on y est habitué les week-ends. Mais j’ai vite réalisé que j’avais tort, quand j’ai vu les sponsors dont les plus hautes autorités et de grandes compagnies du pays faire tour à tour des dons au comité d’organisation.
La grande farce et ses dindons
Aux yeux de certains, cette course visait implicitement à prouver que Bujumbura est « une cité de paix et de sécurité ». Dommage, les invités étrangers ne sauront pas que la veille de la course au soir, ça tirait tout près du lieu de départ de la course. Et ils ne seront pas non plus informés que depuis un certain temps, la vie dans la ville peut être paralysée pendant un moment au passage du cortège d’une autorité. Des fois je me dis que c’est par la crainte que ça tire, mais je ne pourrais rien affirmer. Dommage alors pour « NaPaDeCortege » !
Deux autres objectifs de l’Africa Mashariki Fest étaient la promotion du tourisme et la sensibilisation sur l’intégration régionale. C’est ainsi que nos invités étrangers n’ont eu à visiter que l’aéroport, l’hôtel où ils ont résidé, le quartier Rohero durant la course et Gitega pour le tourisme. Rien de plus ! Ils n’auront pas pu admirer Bujumbura plongé dans le noir à cause du délestage. Ils n’auront pas non plus constaté que même les plus grands boulevards de la ville ne sont pas éclairés. Ils ne pourront encore moins voir les mythiques files d’attente sur les parkings des bus ou aux stations-services, ou encore l’ancien marché central calciné par le feu il y a de ceci des années et qui n’a toujours pas été reconstruit. C’est ça Bujumbura ! Et quand on nous parle d’intégration régionale, qui croire entre ceux qui disent que nous formons un peuple, et ceux qui disent qu’il y a dans la sous-région un ennemi qui veut du mal au Burundi, puisque ce sont justement les mêmes personnes?
Les vrais défis
Mais entre nous, faut-il courir pour avoir la paix ? Explicitement, la course visait la promotion de la paix. Mais à mon avis, on pourrait être bien plus efficace et concret, notamment en appliquant un dialogue social inclusif, surtout avec ceux qu’on traite d’ennemis.
Résolument, l’idée d’un festival pour la paix est en soi une initiative à encourager, surtout quand c’est un projet porté par les jeunes. Mais quelle est l’utilité de vendre l’image d’une cité qui n’est pas celle qu’on veut montrer? Pourquoi ne pas révéler au grand public nos défis, nos échecs et nos chantiers? Peut-être qu’il y aurait eu parmi nos invités des ambassadeurs qui défendraient notre cause et qui apporteraient leur pierre à l’édifice. Mais au lieu de ça, il y en a qui ont décidé de nous endormir et nous faire vivre leur utopie. Et c’est, comme tout le reste, vraiment dommage !
Je suis déçu par votre pessimisme, il n’ y a pas que les défis au Burundi, il y a de bonnes choses à admirer et à promouvoir plutôt que de rester les yeux braqués sur les défis! Très Domage que Yaga vire petit à petit vers l’opposition radicale.