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Bujumbura : « Je fais la queue donc je suis»

Le quotidien des Burundais semble se résumer actuellement à une chose : faire la queue. Patienter dans des files pour l’essence, pour payer les impôts, aux parkings des bus, etc., cela à longueur de journée. Le blogueur E.N., résigné, a fini par trouver un  aspect positif à ces situations tout en déplorant des conséquences à court et à long terme.

Des files. Partout des files interminables. Impossible de faire un pas dans la ville de Bujumbura sans tomber sur des gens qui font la queue. En effet, faire la queue pour espérer être servi est le lot quotidien de tout Burundais aujourd’hui. Cela fait quelques temps que ces files s’observent dans la ville de Bujumbura, que ce soit devant les stations d’essence, dans les parkings des bus, aux guichets de l’Office burundais des recettes pour payer les impôts, à la police judiciaire pour renouvellement des permis de conduire etc.  . Partout des visages énervés, tristes, angoissés. Mais plus triste encore, des visages sur lesquels on y lit de la résignation. En effet, que faire d’autre à part ronger son frein en silence? On se lève le matin avec comme seul programme de la journée : aller faire la queue. « Tu as du temps demain? Non, désolé, je dois aller faire la queue. Une autre fois peut-être ?» Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Comme on dit en kirundi, « akabi gatwengwa nk’akeza ». Mais tout va bien. Je répète : Tout va bien !

Vive les files ?

Aussi triste que cela puisse paraître, ce qui se passe dans ces files est quand même intéressant. Passer toute la journée à côté d’un autre être humain, tous attendant la même chose, ça crée forcément des liens. Sur ces files donc, des amitiés se créent, des affaires se concrétisent, on retrouve même de vieilles connaissances qu’on n’a pas vues depuis longtemps. On serait presque tenté de dire Vive les files! Comme on dit en kirundi encore une fois « atagapfuye ntagakira » (À quelque chose malheur est bon, ndlr). Où ailleurs que sur ces longues files d’attente des stations essence on trouverait un passager d’un V8 ou d’une Prado hyper climatisé en train de causer avec un taxi-moto ou un conducteur d’un tuk-tuk? Toutes ces personnes à cet instant précis ont un problème commun. Celui qui a dit que le malheur réunit les gens avait bien raison.

Le revers de la médaille

Malheureusement pendant qu’on passe notre vie à faire la queue, certaines activités sont en suspens, forcément. En effet, ces gens qui sont en train de faire la queue ont du travail qu’ils ont abandonné justement pour avoir un peu d’essence et vaquer à leurs nombreuses occupations. Certains lassés d’attendre, laissent leurs voitures à la maison et optent pour les transports en commun, ce qui semblerait d’un côté plus intelligent. Mais cela ne résout absolument rien puisqu’au final, on revient faire la queue dans les parkings de bus. Bref, on doit s’aligner. Dans tous les sens du terme.

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