Le 28 novembre est célébrée la journée internationale du droit à l’avortement. Pourtant, la société burundaise reste de loin réticente à l’interruption volontaire d’une grossesse. Quelles sont les raisons avancées ? Explications du blogueur Egide Nikiza.
Il est dit que les sociétés sont en perpétuel mouvement. Et le Burundi ne ferait pas exception. C’est mon constat à la suite de la demande solennelle de dépénalisation de l’avortement par Espérance Ntirampeba. Celle-ci est présidente de l’association solidarité des femmes burundaises pour la lutte contre le Sida.
C’était le 28 septembre, dans la ville de Bujumbura, lors de la journée internationale de dépénalisation de l’avortement. Devant un parterre de parlementaires, de religieux, d’activistes de la Société civile,… elle a plaidé en faveur de l’interruption volontaire de la grossesse pour des cas particuliers : l’inceste, le viol et l’agression sexuelle. Malheureusement, sa demande n’a pas eu une suite favorable.
La vie d’un être humain est sacrée
Souvent, les femmes elles-mêmes sont loin de louer l’interruption d’une grossesse. Lahma Nsengiyumva, jeune femme musulmane de 48 ans, habitant dans la zone Cibitoke, commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura, est totalement contre cette revendication. « C’est un meurtre et il est contre la loi d’Allah.» D’après cette mère de quatre enfants, l’inceste, le viol… ne lèvent pas l’interdit sur les crimes.
Nadine Kaneza, 24 ans, protestante établie à Mutanga nord, commune Ntahangwa, dans la ville de Bujumbura, abonde dans le même sens. « Tellement malheureuses, soient-elles, les circonstances dans lesquelles une femme tombe enceinte, il reste défendu de tuer. » Et de lâcher : « Même s’il advenait que je sois victime de l’inceste ou d’un viol et qu’il en résulte une grossesse, loin de moi l’idée de recourir à l’avortement.» Cette célibataire compare tout de même cette épreuve à une crucifixion.
Pour Dorine Akimana, 32 ans, habitant à Muzinda, commune Rugazi de la province Bubanza (ouest du pays), il faut garder en tête le ’’6ème commandement’’ biblique : «Tu ne tueras point.» Cette catholique jette les ponts entre l’avortement et l’égocentrisme : «Toute interruption volontaire d’une grossesse est à bannir. En avortant, certes l’on se protège contre les conséquences d’une grossesse non désirée, mais l’on prive en même temps la vie à quelqu’un.»
Shadia Irakoze, 26 ans, catholique installée à Mutanga nord, est d’un avis contraire. Cette jeune femme fraîchement sortie de l’université Lumière de Bujumbura n’y va pas par quatre chemins : « Si la grossesse résulte de l’inceste, d’un viol…, j’avoue que je n’hésiterai pas de faire recours à l’avortement.» Et elles ne sont pas nombreuses à penser comme ça.
Des lois insurmontables
Il serait aussi insensé de penser que des lois particulières seront prochainement arrêtées en réponse à la demande d’Éspérance Ntirampeba. Le code pénal est très clair sur l’avortement volontaire.
L’article 510 stipule que « la femme qui, volontairement, s’est fait avorter, est punie d’une servitude pénale d’un an à deux ans et d’une amende de vingt mille francs à cinquante mille francs.»
En outre, le législateur a fait en sorte qu’un seul médecin ne puisse décider de l’avortement même quand c’est nécessaire. Un moyen de contrer les mauvais disciples d’Hippocrate. En plus du consentement de la personne enceinte, le constat de la nécessité de l’avortement doit bénéficier de l’avis favorable d’un second « médecin diplômé.»
Et lorsque la personne enceinte n’est pas consciente pour donner un accord écrit, le code pénal n’est pas muet : « Si la personne enceinte est incapable de manifester sa volonté, le consentement écrit de son représentant légal est requis. » Je parle ici de l’article 511 du même code.
Aucune possibilité d’invoquer même le protocole de Maputo de 2003 pour revendiquer la dépénalisation de l’avortement. Certes le Burundi l’a signé le 3 décembre 2003. Cependant, la ratification de ce texte, qui reconnaîtra aux femmes burundaises le droit absolu d’avorter pour les cas avancés, se fait toujours attendre. Et on risque d’attendre longtemps.
Quand est-ce que l’avortement peut être autorisé ?
Cette pratique peut intervenir légalement lorsque l’embryon humain est accroché dans un organe qui n’est pas adéquat : « Dans les trompes par exemple. » En cas de la constatation des malformations corporelles incompatibles avec la vie humaine – « absence de la tête»–, cette pratique est autorisée pour ne pas laisser naître un être absurde. De plus, les médecins peuvent décider de l’avortement quand il est prévisible que l’évolution de la grossesse risque la vie de la personne enceinte.
« Il est dit que les sociétés sont en perpétuel mouvement. »Je suis d’accord avec vous mais la question que je me pose est la suivante: Le movement est-il »forward » ou »backward »
Kuri njewe inyishu iratomoye: iyo abantu batanguye gufata ikiremwa muntu (imbanyi) nk’imvunja umuntu ashobora kwihandura avyiyumviriye, ingorane zose niho zihera: Comment peut-on ôter la première pierre et parler de construire un édifice?
« En outre, le législateur a fait en sorte qu’un seul médecin ne puisse décider de l’avortement même quand c’est nécessaire. »Il peut même être NECESSAIRE de porter atteinte à la vie d’un être humain. Est un être humain ou un objet? Mais on est où là?
« Cependant, la ratification de ce texte, qui reconnaîtra aux femmes burundaises le DROIT ABSOLU d’avorter pour les cas avancés, se fait toujours attendre. »Comment prétendre avoir le droit absolu sur ce dont on est pas maître: la vie?
Quand à Shadia IRAKOZE, je pari qu’elle ne sait pas ce dont elle parle, toute fois je respecte son point de vue.
Je ne lui souhaite pas une chose pareille-ntirikabe, mais qu’elle parle avec celles qui ont décidé d’avorté, quelle que soit la raison: comment elles passent le reste de leurs vies tourmentées par leurs conscience.
Recourir à l’avortement, c’est déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Jean.