Des dizaines de jeunes impliqués de près ou de loin dans la crise politique que traverse le Burundi depuis avril 2015 se sont rencontrés à Berlin du 1er au 5 novembre sur invitation du Centre pour le dialogue humanitaire. Si les participants s’accordent à dire que le rendez-vous a été un fiasco, ils sont divisés sur les raisons de cet échec. Yaga vous propose un dossier sur cet évènement. Dans cette première série, deux jeunes, un #Sindumuja engagé dans la lutte contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza, et un membre de la ligue des jeunes Imbonerakure du parti au pouvoir, nous racontent pourquoi cette rencontre s’est terminée en pugilat.
Gabrielle Bigirimana, du mouvement #Sindumuja :
« Le premier jour, les invités sont arrivés au compte goutte. Certains venaient d’Europe, d’Amérique et d’Afrique. Les heures d’arrivée étant différentes, le centre pour le dialogue humanitaire avait prévu la première rencontre le soir du 1er Novembre, à 17h.
Impatients de retrouver d’autres jeunes, c’est avec allégresse que nous attendions cette rencontre. Si nous savions d’emblée que nous ne partagions pas les mêmes opinions, une chose nous réunissait : la volonté de construire un avenir meilleur pour notre pays.
Mais la surprise fut de taille quand certains d’entre nous ont fait face pour la première fois à Monsieur Willy Nyamitwe, conseiller principal en communication de Monsieur le président Pierre Nkurunziza.
Perturbés et intrigués par la présence de cet homme, nous autres, les jeunes engagés dans le combat pour le respect de la Constitution et de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, voulions savoir les motivations de sa présence parmi les jeunes burundais.
Après un tour de table pour faire les présentations, nous avons remarqué que Willy Nyamitwe n’était pas seul. Parmi les visages présents ce jour-là, plusieurs fonctionnaires qui occupaient de hauts postes dans le gouvernement de Bujumbura.
Après cette présentation, la plupart des jeunes ont commencé à douter du but de cette rencontre. Étions-nous à Berlin pour discuter avec des jeunes ou avec une équipe gouvernementale ? La soirée s’est clôturée avec plusieurs questions laissées en suspens
Le 2ème jour.
Le thème de cette journée était axé sur la perception de la crise par les jeunes et comment elle nous touchait. Nous devions faire un tour de table et beaucoup parmi nous ont été déçus des réponses données par Monsieur Willy Nyamitwe et ses collègues. Plusieurs choses ont été dites mais aucune solution concrète n’a été apportée pour trouver une solution à la crise qui frappe principalement les jeunes.
Nous avions la triste impression de parler à un mur, à des gens qui s’étaient trompés de salle et qui n’étaient visiblement pas venus ici pour aborder les thèmes qui étaient au programme.
Nous étions conscients de nos divergences et nous acceptions leur lecture différente de la crise burundaise mais nous nous attendions à un minimum minimum d’honnêteté et de sincérité. Leurs interventions étaient fondées sur la manipulation, l’hypocrisie et le mensonge.
La suite des échanges s’est poursuivie en groupe restreint mêlants des jeunes aux idéologies différentes. Tout s’est très bien passé. Evidemment Mr Willy Nyamitwe ne participait pas à ces échanges.
3ème jour :
Après avoir longtemps discuté de la présence de ces personnes ayant des responsabilités au sein du gouvernement de Bujumbura telles que Monsieur Willy Nyamitwe, les jeunes burundais engagés dans le combat pour le respect de la Constitution et l’accord d’Arusha ont décidé de refuser qu’ils prennent part au forum. Mais pour Willy Nyamitwe, ce forum était une occasion pour appliquer ses talents de manipulation et de mensonge comme il a l’habitude de le faire dans ses interventions publiques. Notre réaction était d’autant plus fondée que l’invitation à ce forum n’avait pas mentionné leur présence. Après le refus de notre participation, les deux groupes ont fait part de leurs communiqués.
4ème jour.
Le dernier jour, nous avons constitué 3 groupes :
- Un Groupe soutenant le pouvoir de facto de Bujumbura ;
- Un Groupe engagé dans le combat pour le respect de la Constitution et l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi ;
- Un Groupe de trois personnes neutres.
Chaque groupe devait présenter des solutions pour sortir de la crise. L’atmosphère était tellement tendue que la rencontre s’est clôturée sans aboutir au moindre consensus, nous laissant en bouche le goût amer de l’échec.
Fridolin Nzambimana de la ligue des jeunes Imbonerakure :
Fallait-il s’y attendre dès le départ ? Les comportements ambiguës et immatures des jeunes de l’opposition qui étaient à Berlin pour le forum organisé par le Centre pour le dialogue humanitaire ont déçu. Les organisateurs et les participants des diverses catégories politico-sociales étaient choqués.
Toutefois, certains se refusent de préciser que les choses ont mal tourné. Avec l’arrivée de certains acteurs politiques de l’opposition radicale dans les alentours de Berlin et surtout à cause de la pression qu’ils ont exercés sur les jeunes “Sindumuja” invités, il n’y avait plus d’assurance possible pour ces derniers.
Tout était connu à l’avance
Contrairement à ce qui se dit sur les réseaux sociaux, les invitations et le programme ont été distribués à temps par les organisateurs du forum à chaque membre ayant confirmé son intérêt à y participer. Et puis, le panel des participants avait été communiqué au moins une semaine avant le début de l’événement. Par exemple, le frère Emmanuel savait qu’il avait une présentation à faire aux côtés de Patrick Hajayandi. Lyse Pascale Inamuco savait qu’elle avait une présentation à faire aux côtés de Willy Nyamitwe. Cela n’était une surprise pour personne. Et si cela était le cas, leur contestation aurait eu un sens le premier jour. Pas au troisième !
Il faut aussi mentionner que les membres de l’opposition radicale et de la société civile politisée présents au forum avaient subi des dissuasions de la part de leurs aînés pour ne pas y participer. Ils l’admettaient derrière les rideaux. Ils ont quand même eu le courage de venir pour discuter avec des jeunes ayant d’autres opinions politiques. Le forum avait été organisé dans le but de cultiver et de renforcer l’exercice d’écoute de l’autre. Une excellente initiative qui correspond aux besoins du moment en matière de cohésion sociale et de réconciliation nationale.
Une attitude inadmissible
En effet, une chose très choquante : C’était de voir des jeunes qui se disent être des partisans de la liberté et de la tolérance, « des fervents partisans du dialogue », de vrais « défenseurs des valeurs démocratiques et d’Ubuntu »,… se lever et partir juste parce que celui qu’ils n’aiment pas va prendre la parole. Cette attitude est simplement pathétique.
Leur comportement reflète exactement ce qui s’est passé au Burundi. Nous avons une opposition capricieuse qui a toujours des doléances à soumettre sans se plier aux règles du jeu. Souvent, pour ne pas dire toujours, l’opposition a tendance à faire en sorte de changer les règles pré–établies. Une opposition qui, ayant conscience de sa défaite, se cherche des perchoirs pour éviter et torpiller le processus comme recommandé par les règles consensuelles.
C’est ce qu’ont tenté de faire les jeunes Sindumuja à Berlin. Après être sortis de la salle sans préciser le motif, ils ont essayé d’imposer les points à discuter. Au premier jour pourtant, personne n’avait émis la moindre objection sur les points à discuter lors de la rencontre.
Cette attitude a sans doute été téléguidée de l’extérieur car l’une des Sindumuja avait rencontré Pacifique Nininahazwe, David Gakunzi et Teddy Mazina avant de rejoindre tardivement les discussions.
L’une des caractéristiques de l’opposition radicale et jusqu’au-boutiste est le manque de consensus. Incapable de parler d’une seule voix, les jeunes de l’opposition n’ont pas été capables de s’entendre sur leur communiqué. Certains disaient qu’ils n’avaient pas à signer un document qui leur avait été imposé de l’extérieur, tandis que d’autres plaidaient pour le respect des aînés. Plus de deux tiers d’entre-eux ont refusé d’y apposer leurs signatures mais le communiqué a été publié. Juste comme ça. Comme un tract.
Yaga a approché différents participants pour élucider certaines questions encore en suspens et vous proposera leurs interviews très prochainement.
Icotubona Nuko Ubu Abobose Bafise Abobatamurudubi,hama Bakitumukira Kuryama Euro,abandi Bakabasangayo Ngobagye Kuganira Mukwirira Neza,ariko Uburundi Bugona Burimaso
Tu sais le grand problème du Burundi c’est de dire: »C’est l’autre qui a toujours tort et moi, j’ai toujours raison. » L’interview 1 et l’interview 2. Quel contraste!!! Dans le premier, c’est le »nous » qui est le plus utilisé et dans le deuxième,c’ est »ils »….J’aimerais savoir ce que les jeunes pro-gouv ont fait pour que le dialogue marche au lieu de dire: »c’est l’autre, ce n’est pas moi » puisque j’ai l’impression que tous les torts reviennent à l’ autre. J’aurais aimé entendre le »nous » partout
Je pense qu’une erreur s’est glissée dans le choix de l’une des photos de cet article, yagaburundi doit s’en excuser publiquement.