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Nkurunziza, la désillusion

Au vu de la situation politique actuelle, le blogueur Eric Heza (pseudo) n’en revient pas. Il se demande comment nous en sommes arrivés là. Il nous rappelle les bons moments du président actuel et nous expose ses grandes erreurs qui ont précipité le pays dans une telle falaise.

Difficile de trouver les mots justes pour tout décrire. Les images sont fortes, restent intactes. Leur fraicheur dans la mémoire laisse croire en une scène qui date d’hier. Pourtant, cela fait environ une quinzaine d’années.  2003, le CNDD-FDD dépose les armes. Nkurunziza débarque en grandes pompes.  Il est le « messie » que les Burundais attendaient depuis la nuit des temps. Celui qui devait venir et qui vint. Le jour de sa venue, les braves mamans n’iront pas retourner la terre. Elles ont déposé la houe pour venir chanter« Hosanna », tapisser toute la route de leurs pagnes. Le « sauveur » lui, nous apparaitra sur un vélo, avec un de ses fils. L’ambiance est électrique dans les ménages. Tout le monde suit minute par minute le grand évènement qui est retransmis en direct sur certaines stations locales. Le Burundi va recouvrer la paix. Le peuple peut respirer. De l’euphorie. De la folie. Tout un cocktail d’émotions pour célébrer la fin d’une guerre civile qui vient d’emporter plus de 300 000 burundais. Deux ans après, Nkurunziza remporte haut la main le scrutin. Il est l’unique candidat, l’unique qui incarne la renaissance, le changement, fantasme de tout Burundais depuis belle lurette. Son crédo « tolérance zéro » face à la corruption, ses visites-surprises sur différents lieux de travail, sa proximité avec le peuple signent le début d’une ère nouvelle.

Des erreurs impardonnables

Nkurunziza accède à la magistrature suprême. Pendant un an, le pays est dans l’euphorie de la victoire. La deuxième année commence. Des scandales éclatent : des députés se font chasser, des cadavres sont découverts dans la Ruvubu au nord, Ernest Manirumva, Falcon 50, et autres dossiers rocambolesques d’assassinat et de corruption ébranlent le régime. Petit à petit, les espoirs de lendemains meilleurs s’amenuisent. Les rêves d’un Burundi nouveau se brisent. Le peuple replonge dans le désespoir des temps passés. Mais jusque-là, personne n’ose soupçonner la moindre  complicité du numéro un burundais, le saint sauveur arrivé un an plus tôt. « C’est son entourage qui salit son nom », entend-on partout. Mais son hit-parade évolue decrescendo. Lentement mais sûrement, les choses empirent jusqu’à ce que son nom se retrouve aussi mouillé.

Son troisième mandat ne viendra que faire tomber le masque? Des centaines de jeunes se font massacrer. L’économie du pays se retrouve à nouveau par terre. « Tout, à mettre sur son dos. C’est à cause de son forcing », crie-t-on dans les rues. Constat amer : sa descente aux enfers prend de l’ampleur. L’homme qui se faisait chouchouter partout sur son passage devient le « diable » qu’il faut éviter, fuir.

Tout ça pour deux erreurs : avoir menti à son peuple, vouloir hypothéquer le pouvoir. Faut-il encore compter sur lui ? Le jugement est personnel.

Seulement, il n’est jamais tard pour bien faire.

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