En haut ? C’est où ? C’est qui ? Voici les questions que se pose, dans ce court récit, le blogueur Jean Prudent Nduwayezu, ayant été lui-même victime de la formule chère aux autorités : « l’ordre vient d’en haut ».
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Je quitte le Burundi pour un des pays limitrophes. A la frontière, un policier collecte les passeports de toutes les personnes qui sont dans la file d’attente pour obtenir un cachet. Il nous appelle l’un après l’autre. J’attends mon tour avec impatience. A un moment donné, ne pouvant plus tenir, je me dirige vers un officier pour l’interroger. Il me répond qu’il faut attendre et ajoute : « l’ordre de te laisser passer viendra d’en haut ». Je n’ai donc pas le choix. Je me replace tranquillement sur le côté et commence à contacter toutes les connaissances que j’ai au sein de la police. Je n’obtiens aucun résultat.
Agacé, tête baissée, les bruits de bottes d’un homme qui passe près de moi me font lever les yeux. Il s’approche de l’officier à qui il souffle quelques mots. Ensuite, ce dernier m’appelle d’un geste de la main. Inquiet, mon cœur se met à battre très fort. A ma grande surprise, on m’informe que celui d’ « en haut » a donné son feu vert. Je ne connaitrai jamais son identité. L’officier me tend mon passeport sans un mot, sans aucune explication.
Me prenaient-ils pour un rebelle ? Un putschiste ? Un insurgé ? Je n’en sais rien. Chez nous, les trois sont parfois synonymes.
Je me suis ensuite dit que celui d’« en haut » était un véritable magicien. Il connaît tout le monde mais personne ne le connaît. Si j’avais pu, au moins, avoir son numéro de téléphone ; je l’aurais appelé pour le remercier et lui dire aussi qu’il freinait nos activités sans raison valable. Et surtout, je lui aurais demandé : « depuis quand les humains siègent en haut à la place des oiseaux ? », comme disait l’autre…d’en haut.