Twitter est devenu le moyen de communication privilégié pour pas mal de Burundais. Mais l’utilisation de ce réseau social reste une épée à double tranchant, comme le démontre le contributeur de Yaga Yves Patrick Iradukunda.
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6h du matin, parfois 5h. Encore somnolant, je tâte, cherche avec mes mains. Je commence à me demander où se trouve ce foutu appareil qui me permet désormais de suivre l’actualité (depuis la destruction de certaines radios) : mon smartphone. Voilà à quoi ressemblent les matinées de beaucoup de Burundais, moi y compris. Objectif ? Suivre l’actu, tweeter ou plutôt évacuer sa colère, se défouler.
Il se passe tellement de choses que Twitter est carrément devenu un mur des lamentations, de propagande. Un défouloir d’alertes, de dénonciations, de calomnies, de bassesses parfois innommables, ou simplement de « monologue » auquel se livrent plusieurs personnes. C’est aussi une source d’information pour les internautes burundais et étrangers, le terrain privilégié des scandales qui font les choux gras de la presse. Pour les « sans souci », Twitter est devenu un mur de socialisation : ils y affichent des blagues, satires ou ragots de cabaret, comme pour montrer que malgré la crise, la jeunesse doit se battre pour garder le sourire. « Je tweete donc je suis » semble être devenu le crédo de tout détenteur du fameux smartphone.
Le Burundais lambda – mais aussi l’érudit censé éclairer l’humanité –, les yeux fébrilement braqués sur une dalle qui ne fait même pas 10x10cm, mâche, avale, parfois même rumine les idioties qu’il y trouve et se sent fier d’en partager. Il se revendique politicien ou activiste des droits de l’homme.
Si cet outil a permis de connaître et de faire connaître ce qui se passe au Burundi, il n’en demeure pas moins que celui-ci a parfois été mal utilisé par certaines personnes qui, pourtant, avaient le rôle de modèle et dont l’influence n’est plus à démontrer.
Je déplore sincèrement les personnes emportées par la folie meurtrière de leurs semblables (mais concurrents politiques). Je pense que si Tweeter avait été utilisé de façon responsable, il aurait aidé à calmer la situation depuis bien longtemps.
Je me réjouis de l’accalmie actuelle. Hélas, sur Twitter, le Burundi brûle toujours. Que voulez-vous ? Internet, c’est la liberté…d’expression !