Alors que les sessions du dialogue inter-burundais battent leur plein, le blogueur Mwalimu Khadîdja Hussein (pseudonyme) nous livre quelques questions soulevées par les participants à ce dialogue.
La Commission nationale de dialogue inter-burundais (CNDI) a lancé ses activités le 19 janvier 2016 à Kirundo pour se poursuivre dans d’autres provinces du pays. Au cours de ce dialogue, les participants donnent leurs avis sur ce qui devrait être entrepris afin de consolider la démocratie au Burundi.
«Qu’est-ce qui devrait être fait pour que les élections au Burundi ne soient plus emmaillées de violences? Que le verdict des urnes soit accepté par tous? Que faire pour instaurer une démocratie durable? »
Une expression récurrente avec des justifications variées
Si les avis sont partagés, plusieurs d’entre eux ont des choses en commun. Partout où ces sessions de dialogue se sont déroulées, une expression revient : « révision de la constitution ». Mais là encore, ceux qui souhaitent cette révision avancent des raisons diversifiées.
D’abord, il y a ceux qui souhaitent le changement de la constitution parce que, selon eux, on y trouve des dispositions qui ne sont pas en adéquation avec les accords d’Arusha, surtout en ce qui concerne la limitation des mandats présidentiels. Ils estiment que l’actuelle constitution n’est pas assez claire là-dessus.
Puis il y a cette indignation exprimée par des intervenants de l’ethnie Twa. Ceux-ci estiment que l’actuelle constitution ne leur accorde pas de quotas dans le gouvernement. « La constitution actuelle accorde 60% aux Hutu et 40% aux Tutsi dans le gouvernement. Nous les Twa sommes oubliés. Nous ne voulons plus être cooptés », s’est indigné un intervenant twa de Kirundo.
« Si le président de la République est Hutu et que le premier vice-président est Tutsi, il faut que le deuxième vice-président soit Twa », a précisé un autre Twa à Bubanza.
À Gitega, c’est une femme qui a enfoncé le clou, estimant que ce sont « nous les Twa qui sommes des autochtones », mais que les Hutu et les Tutsi se sont partagés le pays sans eux. « Il faut que ça change », martelait-elle. Les Ganwa aussi disent ne pas se retrouver dans l’actuelle constitution.
Une dose de divergence s’observe
Il y en a d’autres qui, bien qu’ils trouvent des imperfections dans l’actuelle constitution, demandent qu’elle ne soit pas révisée, du moins pour l’instant, estimant que le contexte socio-politique actuel n’est pas favorable à la révision constitutionnelle. Un vieillard de Cibitoke a insisté : « Apres des années de chicaneries interethniques, le pays s’était stabilisé grâce à cette constitution. De grâce, qu’elle ne soit pas modifiée. »
Ces avis pour ou contre la révision constitutionnelle sont parmi tant d’autres émis par des participants aux sessions du dialogue inter-burundais en cours. Ils seront compilés dans un document qui inspirera les politiques dans consolidation de la paix et la démocratie au Burundi. Il reste à savoir si les décideurs vont s’y conformer.