C’était ce 1er décembre 2016 à l’Institut Français du Burundi. Des blogueurs et lecteurs du collectif Yaga se sont retrouvés dans le cadre de la série de débats « L’autre, c’est moi ». A l’ordre du jour: « Comment passer de la culture orale à la culture d’écriture et de lecture » au Burundi ? Les moments forts avec le blogueur Yves Irakoze.
Pour le blogueur Ezéchiel, c’est une question de marketing. Il prend l’exemple du dernier produit de la Brarudi « Amstel Royale ». Pour lui, si les clients en sont rapidement devenus adeptes, c’est d’abord parce que beaucoup de moyens ont été investis dans la publicité. Si donc les Burundais ne lisent pas, c’est parce que le livre ne leur a pas été « vendu » comme il faut.
A cela, s’ajoute le caractère impatient des Burundais. Pour Ezéchiel, écouter leur demande moins de concentration que lire. Selon lui, le rôle du gouvernement pour amener les gens à lire est primordial : « Il faut un appui accru du ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture aux centres de lecture. Mais aussi plus de livres dans les bibliothèques des écoles ».
Donner l’envie de lire
Pour Yapheti, la vraie question est plutôt : « Qu’est-ce qui est fait pour créer cet esprit de lecture ». Comme pour répondre à Ezéchiel, il affirme qu’il y a plus de consommateurs d’écrits que de consommateurs de bière au Burundi. « N’y a-t-il pas plus d’élèves que de consommateurs de bière ? », interroge-t-il.
Aimé, quant à lui, trouve que ni la classe ni l’entourage ne poussent les enfants à la découverte de la lecture. La classe, parce que les enseignants privilégient le « rendez-moi mes notes » aux dépens de la recherche personnelle de l’élève ou de l’étudiant. L’entourage, parce qu’il a aussi une influence sur l’attitude des enfants. La plupart des enfants de Bujumbura ont grandi au rythme des dessins animés et non au rythme des bandes dessinées.
De la culture orale, à la culture orale
Une question a jailli : « Les réseaux sociaux ne sont-ils pas en train de devenir une perpétuation de la culture orale ? » Le blogueur Alain Amrah trouve que si. Il constate que sur les réseaux sociaux les gens préfèrent les vidéos et que même pour partager des textes, la mode est à l’image, aux « screen shot ». Pour lui, les réseaux sociaux risquent de permettre le passage sans transition d’une tradition orale… à une tradition orale. Et Bertin de l’appuyer : « Sur les réseaux sociaux lorsque l’on tombe sur de longs textes, on zappe. »
Enfin, la question de l’intérêt de l’usage de l’écrit a été posée. Le Burundi n’a que très récemment opté pour l’écrit préférant encore souvent la culture orale. L’histoire même du pays est donc difficile à étudier, à critiquer, à débattre, faute de textes sur lesquels se fonder.