Elle prend des vies de nos chers, sans souci. Elle ne craint pas nos profs, nos médecins, la jeunesse qui est l’avenir du pays. Et c’est au Burundi que la mort semble sévir le plus ces derniers temps. La blogueuse Elodie Muco sort du bois pour crier assez, et surtout s’adresser à elle avec fermeté.
Je ne sais pas si tu mérites des salutations. En fait, j’en suis sûre, tu ne les mérites pas. On salue par politesse, or je suis très loin de ressentir de la politesse envers toi. Voilà, je préfère être franche avec toi et comme ça, les choses sont claires pour tout le monde. Parfois, je me demande ce que tu penses de la vie. C’est ironique non ? Mais je pense que tu n’en penses pas grand-chose, vu que ton plaisir et ton rôle consistent justement à l’ôter. Je suis arrivée à la conclusion que tu ne dois pas avoir de réponse franche à cette question toi non plus. Alors, passons.
Je ne voudrais surtout pas me familiariser ou créer des liens avec toi. Tu risquerais d’y prendre goût et de me faire tienne, chose que je ne veux absolument pas. J’aime trop la vie et je pense que je suis trop jeune pour que tu me prennes avec toi. Je t’écris cette lettre parce que tu suscites en moi énormément de questions. Des questions et des sentiments divers. Est-ce que tu n’en as pas marre de faucher toutes ces vies depuis le temps? N’as-tu pas pitié de voir les larmes et la tristesse que tu laisses toujours après ton passage ? N’as-tu pas honte de laisser des enfants sans parents, des veufs désemparés, des veuves éplorées et des parents meurtris ? A ta place, je n’oserais même pas me regarder dans un miroir. A supposer que tu en aies un évidemment, ce dont je doute fort car, tu aurais déjà quitté fissa cette planète à la vue de ta tronche, je peux te l’assurer.
Je t’ai déjà croisée souvent, trop souvent d’ailleurs. J’ai entendu parler de toi ici et là et je peux t’assurer que non seulement personne ne veut de toi, mais en plus tout le monde te cherche pour te liquider. Car oui, tout le monde veut se venger de toi et comme on dit en kirundi « Ntiwobakwira ». Si j’étais toi, je remballerais mes affaires et je me mettrais en route vers des planètes plus accueillantes car ici sur terre, tu n’es la bienvenue nulle part. Je ne vais pas te proposer de l’argent comme le chanteur ZAO, je ne suis pas riche. Je te propose de quitter les alentours de ton plein gré et c’est gagnant-gagnant car, tu sauves ta peau et nous, nous restons avec les nôtres.
Adieu.