La ministre de la santé et de la lutte contre le sida a rassemblé, ce 9 novembre 2016, les spécialistes médicaux. À l’ordre du jour, la formation des spécialistes au niveau local, car une fois envoyés à l’étranger pour les études, ceux-ci ne reviennent plus. Cette mesure ne satisfait pas le blogueur Spageon Ngabo.
Madame la Ministre, ce n’est pas pour mettre de l’eau au vin, mais il ne faut pas seulement s’inquiéter de la fuite de nos médecins. Vous avez oublié de signaler que ceux qui exercent au Burundi choisissent des cabinets privés et délaissent le secteur public. Quelles sont les raisons qui poussent ces spécialistes à se désolidariser de toutes leurs promesses ? Est-ce parce qu’ils ne sont pas sûrs de la vie qu’ils mèneraient une fois de retour ? Y auraient-ils d’autres causes ?
Il faut d’abord partir à la racine du problème. Il est inconcevable que le centre hospitalo-universitaire de Kamenge, connu depuis longtemps pour former la plupart des médecins burundais, appelé aussi « hôpital de troisième référence », ne dispose que d’équipements archaïques. Nos étudiants sont formés sur des modèles dépassés alors qu’ils exerceront dans des hôpitaux modernes. N’est-ce pas paradoxal et absurde ?
Un début, poussif.
Qu’un ministre pense à recueillir des avis de la part des professionnels de santé, ce n’est pas fréquent, surtout au Burundi. « C’est inédit ! », serais-je tenté de dire.
J’ai souvent observé le président des Etats-Unis, ou celui du Rwanda. Chaque année, ils ont un calendrier de visites aux universitaires. Ceci témoigne des efforts que l’Etat déploie dans la formation des intellectuels, et ainsi des attentes de la Nation auprès de la population instruite. C’est aussi une manière de leur inculquer un esprit de patriotisme car, une fois leurs études terminées, ils se sentent fiers et valorisés, et surtout redevables auprès de la patrie, qui leur a témoigné d’une telle reconnaissance.
Pourtant, au Burundi, les autorités attendent que ce soit la masse populaire qui décide de tout. L’Etat se dit que c’est la meilleure façon de donner la parole aux sans voix mais cette façon de faire ne produit aucun impact positif. Notre pays est bâti sur des idées anarchiques, un pays où le désordre règne.
Je suis convaincu que notre pays devrait s’investir à former lui-même ses spécialistes. Madame la ministre, si vous tenez à ce que cette politique soit réussie, pensez aux infrastructures, à la rigueur dans la gestion des ressources déjà existantes et à la garantie de l’exercice de la profession, ainsi que les paiements à accorder à ces spécialistes.