« Tenir un blog, ça traduit une envie de faire valoir ses idées et ses opinions et de les partager avec les autres. »
Le blogging est devenu, au fil des années, l’activité favorite de quelques jeunes à Bujumbura. Lors des prochaines élections de 2015, ces blogueurs veulent jouer un rôle. Avec l’aide de Waza, ils se sont constitués en une communauté dénommée « Yaga » (« raconter » en Kirundi) et ils se sont impliqués dans le projet WazaVote Burundi.
Leur objectif principal : être témoin, relater la campagne électorale et le déroulement des scrutins sans prendre parti.
Monia-Bella Inakanyambo, Alain Amrah Horutanga et Armel-Gilbert Bukeyeneza font partie de cette communauté de jeunes blogueurs. Il y a un mois, Razzack Saïzonou leur a rendu visite pour enregistrer Rencontres et Profils. Dans cette édition, ils expliquent donc la raison d’être de ce projet et l’impact qu’ils attendaient alors.
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Voici quelques extraits de cette édition, retranscrits ci-dessous :
Razzack : Qu’est-ce que les jeunes du collectif Yaga racontent concrètement dans leurs blogs ?
Armel : Chaque blogueur a sa manière de raconter son vécu. Le blogueur est témoin, il raconte ce qu’il a vécu, ce qu’il a vu. Les élections vont inspirer les blogueurs. Mais ce que le blogueur privilégie, c’est le « moi ». Quelle est sa place dans l’histoire ? Et en quoi il y contribue ?
Razzack : Quel rôle allez-vous jouer dans les prochains mois ?
Monia-Bella : Je serai l’œil du lecteur, je serai sur le terrain ; en tout cas, j’essaierai d’être là pour constater ce qu’il se passe et donc donner l’impression à la personne absente d’avoir été sur place.
Alain : J’écrirai pour que les gens ne confondent pas la réalité politique à la réalité sociétale. Trop souvent, quand les politiques rapportent des faits, c’est exagéré.
Razzack : Est-ce que les blogueurs auront pour rôle de dénoncer d’éventuelles fraudes lors des élections ?
Armel : Les blogueurs sont libres. Si un blogueur constate des irrégularités dans un bureau de vote, il sera témoin ; il va écrire cela. Je vois mal comment un blogueur pourrait être à un endroit, constater des choses qui ne fonctionnent pas et se taire.
Razzack : Ne craignez-vous pas que l’un de vous soit manipulé pour écrire des choses en faveur de l’un ou de l’autre homme politique ?
Armel : Ça peut arriver. Mais le blogueur, sa responsabilité, sa crédibilité, elle est personnelle. Ce qui te fait devenir un grand blogueur, c’est la rigueur, la crédibilité de ce que tu fournis, la maturité de tes écrits.
Razzack : Comment comptez-vous travailler pour faire preuve de cette responsabilité ?
Monia-Bella : Quand j’écris, je ne suis pas l’opinion de l’autre. J’écris à ma manière. Moi, j’ai vécu cela comme ça ; personne ne pourra me dire que ce n’était pas la réalité.
Razzack : Quelles retombées espérez-vous de ce projet sur les jeunes burundais ?
Armel : J’ai envie de voir les jeunes s’exprimer, prendre la parole et d’être conscients que, s’il y a des violences, les premières victimes sont les jeunes. J’ai aussi envie de voir les jeunes sortir de l’indifférence. Quand un blog est publié, je veux voir les jeunes le commenter, donner leur opinion, dire ce qu’ils en pensent. J’ai aussi envie de voir beaucoup d’autres nouveaux blogueurs au Burundi.