L’article paru sur Iwacu sur les origines congolaises du controversé premier vice-président burundais, Gaston Sindimwo, a reçu de nombreux commentaires dont certains étaient clairement empreints de relents racistes. Alain Amrah Horutanga, qui a lui aussi été victime de cette discrimination , s’interroge sur la xénophobie ordinaire de la société burundaise.
Mal parler le Kirundi, ça se paie cash. Combien de fois m’a-t-on demandé si, « finalement », j’étais burundais.
Délit de métissage
« Ton nom sonne burundais. Es-tu Burundais ? » Voilà ce à quoi ressemble mon quotidien. Si aujourd’hui je m’y suis habité, au début, ces remarques sonnaient pour moi comme des insultes. Ces questions, elles résonnent dans toutes administrations burundaises à chaque fois que j’ai recours à leurs services. Quand je dois renouveler mon passeport et que l’administration va jusqu’à me demander la carte d’identité de mon père, c’est sûr, je suis un citoyen de seconde zone.
Plus discriminés que les Batwa, j’estime que les Burundais issus des familles mixtes vivent un calvaire sans nom.
Une discrimination silencieuse voulue par les « vrais » burundais ?
Cette polémique, d’un autre âge, est née le jour de l’investiture de Gaston Sindimwo. Elle m’a permis de catégoriser ces burundais de « souches ».
Selon moi, il existe trois sortes de burundais « ignorants » : la première catégorie est celle de ceux qui ne connaissent rien de la législation burundaise concernant la nationalité. Ils ont le droit d’être ignorants, mais ils n’ont pas le droit d’étaler leur ignorance à la face du monde sur les réseaux sociaux.
Ensuite, viennent ceux qui prônent la « perfection » du sang patriarcal, réduisant ainsi le rôle de la femme à celui d’un ingrédient entrant dans la fabrication des enfants.
Et finalement, viennent ceux qui définissent le burundais en terme de Hutu-Tutsi, parfois Twa, un petit peu comme le fait la constitution et l’accord d’Arusha. S’il arrivait que j’occupe une place dans le gouvernement, je n’ose pas imaginer les commentaires qui s’en suivraient.
Soyons humains
Il serait bien qu’on soit d’abord humain avant d’être burundais. Les lois imposant des quotas entre Hutus et Tutsis excluent les minorités ganwa, les métis et les naturalisés de la gestion de la chose publique. Et dans un pays où les ignorants sont nombreux et où la loi du plus fort règne, la loi du nombre régit les rapports de force.
Alors oui, vraiment, qu’il serait bien qu’on soit d’abord humain avant d’être burundais.