Rivardo Ntadambanya est en colère. Dans son poème, il accuse le « politicien ». Face aux décisions, aux erreurs, à l’entêtement de ce dernier, le peuple burundais s’est toujours tu. Aujourd’hui, il est temps pour lui de s’exprimer.
Cher politicien,
On t’a toujours obéi
Malgré tes manigances
En plein jour ;
On t’a toujours observé
Faisant ceci ou cela
Contre le gré de la population ;
On a toujours toléré ta jalousie
Envers tes opposants politiques ;
On a toujours fermé l’œil contre
Ton appétit glouton
Te faisant oublier tes frères et sœurs,
Ton esprit de la jungle sous apparence sauvage
Tu nous as courroucés,
Chagrinés et stigmatisés
Mais on s’est toujours tu.
Tu as mangé seul les biens communs
En pissant sur les villageois et les pauvres paysans
Mais jamais ils n’ont réagi contre toi.
Et maintenant…
Que viens-tu de faire ?
Puis-je en croire mes yeux et mes oreilles ?
Tu nous rejoues les tragédies des années sombres
Et les drames longtemps oubliés
Auxquels personne ne penserait encore !
Tu nous embêtes !
Tu nous négliges en plein jour !
On pensait que tu allais nous sauver
Et voilà que tu nous traînes dans la boue !
Cher politicien,
Que penses-tu ?
Pour qui te prends-tu ?
Quand tu changes les textes légaux en plein jour,
Quand tu contresignes
Ou antidates les décrets
Censés mouvoir toute la nation…
Attention, cher politicien !
On se disait que l’avenir te retiendra
Mais ta méchanceté escalade
Et ça devient pire !
Piétiner la loi à la vue de tous ?
Fermer l’oreille à l’étranger ?
Bousiller tout conseil !
Mais maintenait, c’est pire !
Quand le peuple dit « non »
Non à la violence
Non à la corruption
Non à la tyrannie
Non à la dictature
Parce qu’il en a marre ;
Quand le peuple dit non
À la malversation
À la mauvaise gouvernance
À la torture
À l’intimidation
Que tu lui infliges,
Tu lui envoies tes hommes
Pour le tuer, l’incarcérer, le cuisiner
Lui tirer dessus, même dans son lieu de refuge !
Et maintenant, c’est pire !
Jusqu’où ira ta tyrannie
Vêtue de tes démagogies ?
Dans ce monde réduit au « bon débarras »
Où tout le monde fuit
Maintenant, c’est pire !
Cher politicien remuant tout
J’imagine ce qui doit suivre
Ton animosité empirée !