Le ras-le-bol qui se traduit par l’impuissance de sauver le pays du gouffre dans lequel il s’enfonce. Inès se livre plume à la main. Elle s’exprime mais la meilleure expression se traduira dans les urnes où elle sera face à l’avenir. Pour l’instant, elle côtoie l’obscurité qui lui tient compagnie tous les soirs. Elle a pris goût à la pratique de la marche. Pas de taxis, pas de bus, pas de motos. La faute à la pénurie du carburant.
Par Inès Ininahazwe
Je pourrai vous dire que ce qui suivra dans ce billet ne nous concerne pas tous. Mais je pense que nous sommes tous concernés au-delà de nos moyens financiers, au-delà du moyen de transport que nous empruntons. On dit que les blessures qui font le plus mal, sont celles que nous nous infligeons. Mais quand je vois autour de moi des visages crispés. Que j’entende des plaintes par-ci par-là du jour au lendemain et même si elles ne s’adressent pas à ma personne, je ne peux rester indifférente.
Comme l’exercice physique de la marche n’a jamais tué, je me suis adaptée à la situation que nous impose la vie à la burundaise. Mais ces derniers temps, la pénurie du carburant m’attriste. Quand je vais chez le boulanger acheter du pain, je le vois se plaindre : « si cette situation perdure, je serai dans l’incapacité de vous fournir du pain régulièrement. » Il n’est pas le seul à se gratter la tête ou encore à avaler le peu de salives qui lui restent car ici ; tout le monde crie sur tout le monde.
Le soir à la maison, je reste cloitrée dans mon lit aussitôt que disparait le soleil. Ce n’est pas du tout ce que je souhaite comme situation. J’aurai choisi finir ma journée avec un livre. Mais cette obscurité ne me permet même pas de voir ma propre ombre. Que lire ?
Ce qui me rend encore plus triste, ce sont ces files des voitures que j’aperçois dans les rues, les longs des stations-service. Ces files qui attendent voir une goutte de carburant tomber de la pompe. L’espoir devient plus fort que la crainte. Il faut espérer en l’avenir.
Notre électricien qui n’a plus que ses outils moisissant dans ses bras, me révèle à quel point le manque d’électricité nous rend la vie déplorable. La totale quoi ! Je ne saurai exprimer exactement mes sentiments, mes craintes, ma frustration, mon amertume comme le font si bien les autres. Dans tous les cas, c’est mon pays qui s’enfonce au plus profond d’un fossé abyssal. J’ai des yeux pour pleurer et assister impuissante à cet effondrement. Je ne peux malheureusement pas, en ce moment, le tirer du gouffre dans lequel il s’enfonce. Je ne peux pas non plus lui tendre la perche pour qu’il s’y accroche.
Ma voix serait-elle la solution ? On peut me priver de tout mais pas de mon expression. J’irai avec mon bulletin m’exprimer. Je réfléchirai à deux fois avant d’attribuer les cartons : le rouge, je jaune, le vert. Je serai là. Et toi ?
Je l’ai toujours dit et je le dis encore : »QUAND TU T’ADRESSES A QUELQU’UN EN ATTAQUANT SACHES QU’IL DOIT DEFENDRE SA CAUSE QU’ELLE SOIT FONDEE OU NON ». Toutes ces attaques à l’endroit de Pierre Nkurunziza ne font qu’endurcir son cœur.
Nous devrions donc reconnaître nos erreurs du passé sans s’accuser mutuellement et contribuons à tracer la nouvelle ligne d’espoir pour que les générations à venir ne souffrent éternellement de nos erreurs du passé.