« Un militaire est un tueur, un méchant parmi les méchants. » Faux, dément le blogueur Armel Derere, qui a changé d’avis suite à sa rencontre avec un soldat.
L’armée m’a toujours donné l’impression d’être constituée de délinquants, de fumeurs de chanvre et d’illettrés. Je voyais les soldats comme des machines à tuer.
Ils sont vêtus traditionnellement de tenues vertes surmontées d’un béret vert, rouge ou noir. Ils composent le corps armé d’un État, ils sont dévoués, ils sont ceux qui acceptent de donner leur vie pour la pérennité de la nation, bien qu’ils soient souvent victimes des mauvaises décisions de leurs chefs. Ces hommes en vert, munis d’armes à feu, font partie de mon entourage quotidien. J’habite dans un quartier de l’armée.
En les voyant parader tous les jours sur ces immenses terrains d’entrainement intense et pénible, je ne pouvais pas imaginer un seul instant qu’ils pouvaient parler de football, de musique, d’amour ou d’écologie. Je ne pouvais pas imaginer qu’en-dehors de leur métier, ils avaient une vie comme la mienne, une vie normale.
La rencontre
Il y a moins d’une semaine, j’ai discuté longuement avec un militaire. Nous parlions du réchauffement climatique. J’étais très étonné de parler d’un tel sujet avec lui ; ce soldat m’a même transmis une information capitale pour lutter efficacement contre la déforestation abusive.
Quelques minutes avant que nous nous quittions, une rafale de mitraillettes a retenti à moins de 200 mètres de nous, sans doute pour nous rappeler la situation du pays. Un silence de mort s’est imposé. Nos regards se sont croisés, l’un disait : « Je suis civil », l’autre : « Je suis militaire ». Le silence a tant duré que j’ai commencé à anticiper en monologuant intérieurement ce qu’il s’apprêterait à demander : « Es-tu anti ou pro-président ? »
J’étais complètement à côté de la plaque. « Il faut rentrer chez toi, car les balles perdues n’ont pas de vue. Après la tempête vient le beau temps », s’est-il empressé de dire après le long silence.
Étonné de cette réaction, je suis resté bouche bée, avant de me grouiller pour rentrer. Je venais d’en faire l’expérience : les sages et intellectuels existent bel et bien dans l’armée.