On ne se lassera jamais de comparer Pierre Nkurunziza et Paul Kagame, présidents du Burundi et du Rwanda. Cette fois, c’est le blogueur Jimmy Kagabo* qui s’y colle.
Récemment, Tee Ngugi, commentateur politique kenyan, attirait mon attention dans les colonnes de The East African : « À part leur volonté de briguer un troisième mandat contraire aux constitutions de leurs pays respectifs, ils n’ont rien en commun », écrivait-il.
Avant de poursuivre : « Pierre Nkurunziza est l’archétype du leader africain conduisant l’archétype d’un État africain ; il est médiocre, sans imagination, non-intellectuel, mégalomane et sans vision, conduisant un peuple avec peu d’espoir, présidant une nation gravement sous-développée et fragile, chancelant sur le bord de la désintégration meurtrière. »
Sur Kagame, l’analyse de Ngugi est beaucoup plus élogieuse. « Son administration a rationalisé la bureaucratie, faisant du Rwanda la destination de choix pour les entreprises, indique-t-il. La fonction publique est efficace. Aujourd’hui, le Rwanda est l’un des pays d’Afrique les plus sûrs, pour ne pas mentionner les plus propres, malgré qu’il soit sorti d’un génocide il y a quelques années. »
Le résultat
Dans n’importe quel pays, on peut trouver beaucoup d’hommes d’exception.
Bref, Nkurunziza n’a rien donné à son peuple, alors que les résultats du président rwandais sont spectaculaires. Ce qui amène l’écrivain kenyan à conclure que, si Nkurunziza doit partir parce qu’il est inutile pour son peuple, Kagame devrait rester pour guider son peuple vers les lendemains qui chantent.
Cette position rejoint celle de l’essayiste camerounais Yann Gwet qui, dans une tribune dans Jeune Afrique, appelle à en finir avec la limitation des mandats. « Dans certains cas, le départ des dirigeants, et donc le respect de la limitation des mandats, va dans le sens de l’intérêt du pays, écrivait-il. Dans d’autres, la limitation des mandats peut mettre un coup d’arrêt à l’œuvre transformatrice de leaders d’exception, avec un risque de retour en arrière. »
Ce que je crois
Les bienfaits de l’alternance. Je crois que, dans n’importe quel pays, on peut trouver beaucoup d’hommes d’exception, capables de diriger le pays de manière convenable et de l’amener au développement. Moins les présidents restent au pouvoir, plus nos pays peuvent avoir la chance d’être dirigés par de nouvelles élites, capables de nourrir et de rallumer nos rêves.
Tee Ngugi a raison sur la médiocrité de Nkurunziza et la vision de Paul Kagame. Mais le chef d’État rwandais n’est pas le seul homme exceptionnel de son pays. Que nos P-Square terminent leurs mandats et s’en aillent. Nous trouverons des hommes et femmes de valeur pour les remplacer.