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Le pagne avant tout

« Les débuts sont toujours difficiles, mais il faut savoir se battre, travailler très, très dur pour ça. »

À seulement 23 ans, le souhait de Krystal Bella Shabani est de faire la promotion du pagne africain parmi les jeunes du continent. Elle veut les amener à adopter ce tissu comme mode vestimentaire, au lieu de le négliger au profit des modèles occidentaux

À travers son art, Krystal sensibilise les jeunes à prendre leur destin en main en se créant des opportunités. Ayant lancé son entreprise à l’âge de 16 ans avec en poche seulement 2 000 francs burundais, Krystal affiche depuis lors un parcours sans faute. Dans cette édition, la jeune styliste, créatrice et accessoiriste burundaise nous parle de sa passion et de ses ambitions.

Cette édition de Rencontres et Profils est présentée par Agnès Ndirubusa de Rema FM, l’une de nos radios partenaires à Bujumbura.

Voici quelques extraits de cette édition, retranscrits ci-dessous :

Agnès : La légende raconte que tu n’es partie de rien. Comment y es-tu arrivée ?

Krystal : Je suis très passionnée par la mode. Je pratique depuis toute petite. J’ai fait mes études en marketing. Quand on apprenait le cours d’entrepreneuriat, on nous incitait à créer nos propres entreprises comme exercice. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas commencer, pour voir comment ça marche ? » Start small and think big [« Commence petit et pense grand »], c’est ce qu’on nous a appris. Donc j’ai commencé avec le peu que j’avais : 2 000 francs.

Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Tout d’abord, j’utilisais le pagne, une matière peu appréciée par les jeunes, parce que porter le pagne, ça paraissait démodé. Ca ne se portait que par les mamans. J’ai essayé de montrer que tout le monde pouvait porter le pagne, mais les jeunes n’appréciaient pas. Donc j’ai vraiment dû travailler dur pour que les jeunes aiment le pagne à travers ce que je fais.

Pourquoi sensibiliser les jeunes par rapport au pagne ?

Le pagne, ça symbolise l’Afrique. La jeunesse africaine, burundaise a toujours tendance à copier les Européens, les Américains. Je me suis dit : « Pourquoi, en Afrique, ne peut-on pas montrer qu’on est capable de faire des choses ? »

Quand et dans quelles circonstances as-tu découvert que tu étais faite pour le métier de styliste ?

En 2012, je me suis vraiment lancée. J’ai participé à un défilé, dédié à Miss Cinquantenaire. J’avais une collection de trois tenues – ce qui est honteux, mais j’étais vraiment fière. C’est à partir de là que j’ai pu me lancer.

Ce premier événement, comment s’est-il initié ?

Les organisateurs m’ont repéré sur Facebook, qui est un moyen gratuit pour montrer ce qu’on propose. J’avais aussi un compte Twitter. Je postais tout ce que je faisais. Ils m’ont repéré là et puis ils m’ont demandé si je pouvais présenter ma collection. Ca a été une réussite. J’ai eu beaucoup de commandes après le défilé.

Quels étaient les stylistes qui t’inspiraient à l’époque ?

Il n’y en a qu’un seul : Yves Saint Laurent. J’aimais sa façon de créer, vraiment unique. J’adore tout ce qu’il fait. Il y a aussi une grande référence en Afrique : Monsieur Alphadi, du Niger. Lui, je l’admire, car il a pu imposer la mode dans son pays et il a aidé à augmenter le PIB de son pays. J’aimerais moi aussi contribuer au développement de l’Afrique et du Burundi.

Comment as-tu appris le stylisme ?

Pour le moment, je suis autodidacte. Je pourrais dire que c’est un don, mais un don qu’on peut exploiter, améliorer. Je dois faire des recherches, des formations…

Qu’est-ce qui caractérise la griffe Krysbel design ?

J’ai pu imposer une marque. Krysbel, c’est un acronyme : Krystal Bella. J’ai pu imposer une mission et une vision qui m’aident et des valeurs qui m’aident à réaliser mon travail.

Quel a été jusqu’ici l’instant le plus mémorable de ta carrière ?

C’était à Origin Africa, un événement où tous les artistes africains – designers, décorateurs d’intérieur, les entreprises textiles, etc. – et des Occidentaux aussi, se rencontrent et viennent acheter des produits de l’Afrique. Chaque pays est représenté. Je représentais le pays. J’étais la seule jeune. Cet événement qui m’a beaucoup marqué.

Qu’est-ce que cette expérience dans le stylisme t’a apprise sur la vie ?

Il faut d’abord savoir qui tu es, te découvrir. Dieu donne un don à chaque personne.

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