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Goma : les leçons de la crise burundaise

À Goma, tout le monde ne croit pas ce qui est lu, vu ou écouté dans les médias d’État et progouvernementaux. L’information reste à prendre ou à laisser. Surtout quand il s’agit de traiter des événements sur les probables mandats « bonus », comme au Rwanda et aussi particulièrement au Burundi.

On dirait un virus qui se propage. Autour de la RDC, dans certains pays voisins, les présidents veulent, à tout prix, un mandat de plus : c’est anticonstitutionnel dans la mesure où leurs constitutions restent inchangées. Le Rwanda est en cours du processus de changement constitutionnel. Le Congo-Brazzaville aussi. Mais pour l’instant, c’est le Burundi qui attire plus l’attention des Congolais car c’est là que « la plaie est déjà ouverte ». Et c’est sur ce point précis que les médias, qui balancent du côté du pouvoir, ont du boulot. A eux d’expliquer, de faire comprendre qu’il ne faut pas emprunter la même voie que les Burundais.

« On ne peut pas cacher la lumière »

Il est vrai que l’on ne doit pas prendre le même chemin que les Burundais. Mais pour cela, dans un premier temps, il faut bien connaître ce chemin ! Les médias à la botte de l’Etat dissimulent souvent les informations venues du Burundi car elles sont susceptibles d’influencer la population : la révolution, la renaissance d’un peuple, le courage de la jeunesse, la défense de la démocratie, le courage de faire face aux assoiffés du pouvoir… « Mais on ne peut pas cacher la lumière. Elle finit toujours par reluire », estime Asumani, un jeune de 23 ans, habitant de Goma.

À la recherche de l’information

La répression écrasante contre les Burundais, les exécutions sommaires, les violences et autres constituent apparemment un moyen de pression dans les médias. Ces derniers veulent les présenter ainsi comme pour apeurer afin d’éviter que le scénario du Burundi se répète en RDC. Cette vision est considérée comme objective dans le jugement de la plupart des jeunes. Alors ,ce qui n’est pas évoqué et montré est recherché ailleurs. Aujourd’hui, dans Goma, il est utile d’avoir un smartphone. Grâce à lui, on a accès aux informations, même informelles, à travers des groupes de discussion et de partage sur les réseaux sociaux. Ainsi, les jeunes Congolais échangent directement en temps réels avec ceux du Burundi, sans contrainte.

Le Burundi :  une source d’inspiration pour les Congolais

Quand on parle du Burundi à Goma, chacun a son opinion. Dans les groupes, les échanges sont parfois contradictoires. Mais les jeunes estiment que le Burundi reste une opportunité pour se créer un propre modèle avec l’expérience d’une alternance paisible du pouvoir après un mandat fini. « Le problème est que nos médias au pays nous bombardent avec les informations intimidatrices provenant du Burundi. Je pense qu’ils veulent nous faire peur seulement pour passer le message suivant : refuser un président qui a achevé son mandat…est une erreur !», souligne, lucide, Blaise, 26 ans, un autre membre d’un groupe dans un quartier de Goma.

Des idées constructrices

Car oui, les jeunes Congolais ne sont pas plus bêtes qu’on le pense : ils analysent tout. À force de leur cacher la vérité sur les valeurs que les Burundais défendent, les jeunes contournent ainsi l’illumination positive proposée et s’ouvrent à d’autres alternatives et nouvelles idées constructrices. La presse, rangée du côté de pouvoir, n’a qu’une seule chose à faire : être impartiale et objective. C’est son devoir.

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