« C’est le courage qui fait l’Homme. »
Annick Kabatesi est originaire du Burundi. Elle est une icône de la mode africaine.
Styliste, modéliste, elle met en valeur le patrimoine ancestral de son pays en utilisant l’écorce de ficus pour confectionner ses vêtements. Cette particularité fait de la jeune créatrice une des ambassadrices de la culture burundaise.
Cette édition de Rencontres et Profils, présentée par Razzack Saïzonou, part à la rencontre d’une artiste exceptionnelle fière de sa réussite et de son initiative.
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Voici quelques extraits de cette édition, retranscrits ci-dessous :
Annick : Je suis une artiste. Cette écorce d’arbre de ficus est une découverte. C’était lié à l’histoire des Burundais. J’ai essayé de comprendre comment on utilisait ça à l’époque. Je peux dire que je suis devenue styliste après. Je cherchais comment habiller avec cela.
Razzack : Pourquoi t’es-tu intéressée à cette écorce de ficus ?
Je ne sais pas… En fait, je ne comprenais pas comment l’utiliser. J’étais curieuse de savoir si l’écorce de cet arbre pouvait être en contact avec le corps. Comme la matière était naturelle, je me suis d’abord adressée au musée Viva. Je leur ai demandé de me montrer les habits faits en écorce de ficus. On m’a montré un petit vêtement déchiré. J’ai continué à chercher. J’ai trouvé des gens à Gitega qui faisaient ces habits.
Qu’est-ce que ces habits en écorce de ficus ont de particulier ?
Ils représentent la valeur de l’histoire burundaise. Ces habits sont très différents des vêtements européens et indiens, surtout le tissus. La couleur est différente. Et puis les gens sont curieux de savoir comment j’ai rendu moderne un habit qu’on portait à l’époque.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans la mise en œuvre de ton activité ?
Les conditions pour se rendre à Gitega, retourner à Bujumbura… Le Burundi est aussi un peu enclavé et il y a peu de touristes. Donc pour vendre mes produits, c’est difficile.
Travailles-tu aussi à la conservation des arbres qui servent ton art ?
J’utilise les arbres qui sont assez grands pour retirer leur écorce. Et je contribue à faire repousser les arbres utilisés. Je distribue des boutures.
As-tu l’impression d’avoir réussi ?
Ça, je n’en doute pas, car c’est ma passion. Des Burundais et des étrangers m’ont attribué des prix. Recevoir ces honneurs, en tant que jeune, c’est rare. Je pense que la société me respecte, elle croit en moi. Ça me donne du courage pour aller encore plus loin.
Quelle est la leçon apprise depuis que tu t’es lancée ?
La société encourage les gens qui travaillent. Les femmes sont capables d’y arriver dans la vie. J’ai aussi de nombreux modèles qui m’inspirent.