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Burundi : Agathon Rwasa a tort de boycotter les élections ?

Agathon Rwasa est le principal challenger de Pierre Nkurunziza. Il est pour l’opposition ce que Nkurunziza est pour son parti le CNDD-FDD : un homme fort et populaire.

Par Jimmy Kagabo

Agathon Rwasa donc, et toute l’opposition derrière lui, est en train de commettre la même erreur qu’il a commis en 2010 : boycotter les élections. Ainsi, pour la deuxième fois, l’opposition offre à Pierre Nkurunziza, sur un plateau d’or, ce troisième mandat. Ce dont rêve tout dictateur: régner sans partage. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces élections aboutiront à des institutions dominées par le CNDD-FDD à plus de 80%.

L’opposition avait pourtant un avantage dans ces élections. Il suffisait de capitaliser les manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Les jeunes des bastions de l’opposition ont manifesté sans relâche pendant 2 mois. Ils sont parvenus à attirer l’attention de la communauté internationale, mobilisant des sommets de la Communauté Est-africaine, des réunions des Conseils de Sécurité de l’Union africaine et des Nations-Unies. Des condamnations de la violence policière venaient de presque tous les bailleurs de fonds majeurs.

Le mouvement contre le troisième avait eu aussi une grande ampleur dans l’opinion des paysans des collines les plus reculées. Avec la compassion qu’on connait du peuple burundais, je suis sûr que la majorité ne digère pas un pouvoir qui tire à balles réelles sur des manifestants. En boycottant les élections, c’est l’opposition qui n’a pas donné le choix au peuple de se libérer du joug de Pierre Nkurunziza. Nos paysans n’avaient certes pas le courage d’affronter les balles de la police en descendant dans la rue, mais ils auraient pris certainement leur revanche dans les urnes.

Rwasa a souvent dit qu’il était impossible de participer à ces élections dans la mesure où il ne pouvait pas faire une campagne électorale a cause de l’insécurité. La vérité, à mon avis, est qu’il n’avait même pas besoin de faire campagne. Les deux mois que le mouvement de contestation contre Pierre Nkurunziza a passé dans la rue, était la meilleure campagne électorale que l’opposition pouvait mener.

L’opposition semble se féliciter que la Communauté internationale juge les élections législatives et communales de ce 29 juin ni libres ni crédibles. Et après ? Nkurunziza va continuer son drôle de chemin, et nous sommes partis pour 5 ans de plus de dictature de Nkurunziza et de clandestinité de l’opposition. A moins que des troupes étrangères viennent kidnapper Nkurunziza comme le demande la journaliste Domitille Kiramvu, ce qui est très peu probable.

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