Bientôt huit mois que la vie n’est plus la même à Bujumbura. Effroi et incertitude caractérisent la vie de la blogueuse Martine Nzeyimana, qui nous partage son fardeau, ses peurs quotidiennes.
Qu’il y ait des tirs ou pas, des nuits agitées ou calmes, qu’il pleuve ou qu’il neige, Bujumbura continue à vivre. Elle fourmille toujours de personnes. Le centre-ville offre ses divers services malgré tout. Pourtant, on le sait, n’importe quoi peut se produire n’importe où et n’importe quand. Ce n’est pas rassurant. Il suffit d’un petit rien – un pneu qui crève – pour voir tout le monde courir. C’est pathétique.
Ma parano
Tous les jours, je me lève à 6h du matin. Je remercie le Seigneur de voir le levé du jour. Il faut admettre qu’aujourd’hui, ce n’est pas donné à tout le monde.
Réflexe oblige, je me jette sur mon cellulaire, histoire de m’enquérir de la situation sécuritaire dans différents coins de la capitale pour assurer mes arrières. Des textes alarmants, des images de cadavres jonchant les rues défilent sous mes yeux. Chétive et lasse, je décide de vaquer à mes activités. Je supplie la nature, silencieusement, qu’aucun malheur ne m’arrive au cours de la journée.
Le soir, me mettre à l’abri est l’ordre que je m’oblige de respecter. Je m’impose un couvre-feu : à 18h, je dois être à la maison. Mon logis est mon bunker. Je fais une petite prière pour implorer la Bienfaisance céleste de garder ma pauvre vie, espérant qu’aucune déflagration ne déchirera la nuit pour encore emporter des vies. Et je m’endors…
Telle est ma nouvelle vie à Bujumbura.