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Davido et l’expérience hollandaise du cannabis

En Côte d’Ivoire, la consommation de drogues douces est prohibée. Aux Pays-Bas, fumer un joint est tout à fait légal. Que fait donc un Ivoirien, de passage à Amsterdam, pour ne pas mourir idiot ?
Je me suis porté volontaire pour essayer… et vous raconter ma mémorable expérience !

Au lycée, mon ami Mahadou fumait le « Doma », c’est-à-dire la marijuana ou le cannabis. Chaque fois, je lui demandais :

–        Mahadou, il y a quoi dans cette chose.

Mahadou me répondait :

–        Hé, Davido (mon surnom au lycée), ça, c’est l’herbe de Dieu. Ça fait « sciencer ».

–        Mahadou, ça fait « sciencer » comment ?

Je me demandais quel était ce nouveau verbe inspiré de « l’herbe de Dieu » et dont Molière lui-même n’avait (sûrement) aucune connaissance : le verbe « sciencer »…

« Certaines choses interdites chez moi sont acceptées ici… »

Curiosité oblige…

J’ai alors voulu essayer de fumer cette fameuse herbe, juste pour comprendre et vivre cette science dont parlait mon ami Mahadou. Cette science qui rendait mon ami à la fois heureux et nerveux, mais surtout courageux face à n’importe quelle situation.

Malheureusement (ou heureusement), cette herbe « miraculeuse » est prohibée par les lois de mon pays. En fumer ici, en Côte d’ivoire, est passible de poursuites judiciaires et d’emprisonnement. Comme je n’ai jamais voulu salir mon casier judiciaire, je me suis gardé d’y toucher.

Du 17 au 22 novembre 2014, à la faveur du projet « Paix et justice » du Royaume des Pays-Bas, je me retrouve être l’hôte privilégié du gouvernement néerlandais. Ateliers et rencontres s’enchaînent sur 5 jours. Le 5e jour, nous obtenons quartier libre l’après-midi.

Tous les participants ont le droit d’aller où ils veulent. C’est là que je me suis rappelé que j’étais aux Pays-Bas : lieu de justice et de paix… mais pas seulement…  Certaines choses interdites chez moi sont acceptées ici. Par exemple, consommer du cannabis.

Je profite de mon quartier de libre pour faire le tour d’Amsterdam avec mon guide local [journaliste à Waza, qui a aidé au programme «Paix et Justice » NDLR]. Le soir tombé, je lui demande de m’accompagner dans un « Coffee Shop ».

Là-bas, à la place du thé et du café que vous connaissez, vous trouverez par exemple de véritables joints roulés et prêts à être consommés. Le prix varie selon les points de vente, mais disons que pourrez-vous en sortir pour 5 euros l’unité.

Pas vraiment agréable…

Avec mon guide, on se retrouve au bord du fleuve, en train de fumer le gros pétard (c’est-à-dire qu’à deux, on a préféré prendre un grand format). Je tire la première bouffée et je découvre les premières sensations : rien de différent avec la cigarette, sauf que ça fait tousser. Beaucoup tousser. Je tire encore quatre ou cinq bouffées. Des bouffées de trop pour moi.

Cinq minutes après avoir fumé la moitié du joint de cannabis, je commence à me sentir mal. Mes yeux tournent. J’ai l’impression que mon cerveau est en ébullition. Mes cinq sens sont « connectés » à tout et n’importe quoi. Je peux entendre les gens parler à des kilomètres à la ronde. Mon cœur bat vite, mon cerveau tourne à la vitesse grand « V ». J’ai envie de vomir, mais rien ne remonte. Puis la seule chose qui me vient en tête, c’est de me retrouver à l’hôtel, prendre un bain et dormir.

« Tous les problèmes de la terre, que je n’ai pas pu régler, sont face à moi »

Arrivé dans ma chambre, je tombe directement dans mon lit. Mon corps est si lourd que  je me demande comment faire pour me lever. Quelques fous rires me viennent à mon guide. Un peu plus tard, encore couché dans mon lit, je crois dormir, mais non ! Je peux encore entendre tout ce qui se passe autour de moi, comme un loup. De mon lit, je me vois sortir de mon corps. Je peux discuter avec moi-même. C’est là que tous les problèmes de la terre, que je n’ai jamais pu régler, sont face à moi. Les solutions sont là, comme une évidence. Comme par enchantement. Je recommence alors à rire. C’est le début d’un fou rire interminable.

L’occasion manquée.

Puis, il nous faut partir. Nous sommes invités [chez une journaliste de Waza, NDLR] pour un dîner d’au revoir. Il était temps, car je ne sais pas si c’est mon ventre ou le cannabis, mais j’ai l’estomac dans les talons. J’ai si faim que dans mon état, je suis prêt à dévorer tout et n’importe  quoi. Quinze minutes de tramway, et nous voilà devant un joli buffet préparé par notre hôte.

À la vue de ce buffet, je ne remarque même pas la présence d’une belle et ravissante cubaine aux courbes et coupes africaines. Je me jette sur la nourriture tel un lion affamé qui n’a rien mangé depuis des jours. Des chips aux croquettes , tout y passe. Après cette bataille alimentaire, mon esprit se stabilise un peu.

« Je n’ai pas la force pour draguer… »

Je me rends maintenant compte de la présence de la « déesse cubaine ». J’essaie  de discuter avec elle, mais je suis pétrifié par sa beauté légendaire. À cet instant, les vertus du cannabis, tant vantées par Mahadou, sont du baratin. Je ne suis ni heureux, ni nerveux, encore moins courageux. Je n’ai pas la force pour draguer la fée cubaine.

Et vous, c’est quoi votre expérience de la drogue ?

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