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Un psychiatre néerlandais réalise un film sur l’euthanasie

« Si vous êtes prêt, placez ce sac sur votre tête. Ensuite, ouvrez lentement le robinet d’hélium ». Un film réalisé par le psychiatre néerlandais Boudewijn Chabot donne des instructions sur la manière dont on peut mette fin à ses jours avec un sac de cuisson et deux bouteilles d’hélium. Les méthodes d’automédication sont de moins en moins taboues.

La loi néerlandaise en matière d’euthanasie a 10 ans. La loi autorise certaines méthodes de suicide, mais il subsiste toujours un groupe de personnes ayant un souhait de mourir n’entrant pas dans le cadre légal. Des gens qui ne souffrent pas de manière extrême. Ce film qui présente quelques méthodes de suicide leur est destiné.

Hélium
Chabot travaille depuis des années sur le sujet « auto-euthanasie ». En plus des méthodes comme l’arrêt de s’alimenter et de boire combiné avec une absorption de médicaments, le psychiatre a réalisé un film montrant explicitement une autre manière de mettre fin à ses jours. « Si vous inhalez de l’hélium, vous perdez conscience à un certain moment et vous décédez dans les dix minutes qui suivent. Cela semble effrayant, mais pour les personnes qui en sont à la fin de leur vie à cause d’une maladie grave ou par la vieillesse et qui souhaitent prendre congé des leurs, c’est une possibilité de mourir entouré de leurs proches en toute sécurité. »

L’objectif : mourir humainement et dignement. Mais la directrice de l’association néerlandaise pour la fin de vie volontaire (NVVE), Petra de Jong, ne trouve cela pas du tout humain. « Qui voudrait mourir dans un sac de cuisson ? De qui plus est, il est très difficile d’exécuter cela sans aide de tierces personnes. Etant donné que le suicide est punissable par la loi aux Pays-Bas, il y a un problème. Nous ne voulons pas faire courir ce risque à nos membres. »

Chabot conseille expressément aux personnes d’effectuer deux manipulations elles-mêmes, à savoir ouvrir les bouteilles d’hélium mettre la tête dans le sac. De cette manière, il n’est pas question d’aide au suicide. La NVVE pense toutefois que la méthode à l’hélium est loin d’être idéale. « Nous indiquons aux gens les combinaisons de médicaments à prendre pour provoquer la mort. Sur notre site Internet, nous proposons un service d’accompagnement et de soutien qui explique la méthode ».

A faire soi-même
Dans le cadre de la semaine de l’euthanasie, la NVVE organise “The End” (La Fin), le premier festival du film sur l’euthanasie. On y voit entre autres comment une personne met fin à ses jours. Dans le film “Medeleven”, (Compassion), un homme de 91 ans va de pharmacie en pharmacie en Belgique pour se constituer un cocktail suffisant afin de mettre fin à ses jours. De son point de vue, il n’a plus de raison de vivre depuis le décès de son épouse, mais il n’entre pas dans le cadre de la loi sur l’euthanasie. Le film montre clairement le soulagement de l’homme tenant son cocktail empoisonné entre les mains : il a le pouvoir de se donner sa propre mort.

Petra de Jong note que le tabou autour de la loi sur l’euthanasie a diminué. « C’est devenu un sujet qui fait partie de la vie. Aujourd’hui, les gens aiment avoir le contrôle sur leurs actes. Je constate que l’on voit de plus en plus de méthodes à utiliser soi-même ».

Magasins d’articles de fête
Inez Beaufort, professeur d’éthique médicale au Centre médical Erasmus de Rotterdam, fait la même remarque : « Partout dans le monde il existe des personnes ayant envie de mourir et souvent, tout se passe en cachette. Une enquête anglaise a montré qu’une grande partie de la population du pays souhaite avoir la possibilité, mais les médecins sont contre ». La méthode à l’hélium de Chabot montre clairement, selon la professeur, les possibilités dont ils disposent. Plus il y aura ce genre de films, mieux ce sera. « Mais je pense que c’est assez délicat pour les magasins d’articles de fête où sont vendues ces bouteilles d’hélium. »

Après enquête, il semblerait que lesdits magasins ne s’en soucient guère. Un vendeur à Amsterdam : « Je n’ai aucune idée de ce que je devrais faire si une vieille dame arrivait à la caisse et me demandait deux bouteilles d’hélium. Je pense que je les louerais tout simplement. » Mais il ne pense pas voir ce spectacle de si tôt. « Une telle bouteille est bien trop lourde pour les petits vieux ».

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