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Le dernier peep-show à Amsterdam

La fin est proche pour le peep-show. Pendant des décennies, ce divertissement attirait le public dans le Quartier rouge d’Amsterdam. Qu’est-il arrivé à ce type classique de spectacle érotique ?

Le principe du peep-show est simple et universel : une femme nue ou légèrement vêtue se prélasse sur un plateau tournant, dans une pièce entourée de petites cabines munies de volets. En insérant une pièce de 2 euros, le visiteur entré dans la cabine voit le petit volet se lever et peut regarder la jeune femme pendant quelques minutes, avant que le volet ne se referme.

Attraction du public

A la fin des années soixante, le premier peep-show s’ouvre à Amsterdam. Le phénomène, alors nouveau, se révèle être une grande attraction pour le public. A leur apogée, les peep-shows sont au nombre de six dans la capitale néerlandaise. La moitié d’entre eux appartient à Jan Otten, un entrepreneur néerlandais actif depuis 35 ans dans l’industrie du sexe.

Le dénommé “roi du Quartier rouge’’ détient, aujourd’hui, aussi le dernier peep-show d’Amsterdam : le Sex Palace, situé depuis près de 30 ans au centre de ce célèbre quartier, dans la rue Oudezijds Achterburgwal.
“J’avais trois peep-shows, dont un très grand dans la Nieuwendijk, en plein centre de la ville, près de la Bourse’’, raconte Otten. ‘’J’en tirais de bons profits. Surtout grâce aux agents de change, qui venaient souvent pendant leur pose dans nos cabines. Mais la commune d’Amsterdam a voulu supprimer tous les peep-shows du centre, elle ne les aimait pas. Nous nous sommes déplacés vers le Quartier rouge. Tout s’est passé en toute cordialité, d’ailleurs.’’

Internet

Seulement, là aussi les peep-shows ont commencé à disparaître. Otten, âgé aujourd’hui de 69 ans, incrimine partiellement la politique de la commune, qui est en train de dépouiller le Quartier rouge. Amsterdam veut en faire un quartier ‘’propre’’ et a fermé ces dernières années 100 des 500 vitrines de prostituées. La commune a dans le collimateur les nuisances et certains problèmes comme le trafic d’humains.

« Mais les peep-shows attirent aussi moins de gens. C’est un peu fini, les peep-shows à Amsterdam. C’est dû aussi à l’Internet. Aujourd’hui, on peut regarder en cachette sur son ordinateur. C’est très dommage pour le commerce érotique. »

Touristes anglais

Il règne un calme plat, ce jeudi après-midi, au Sex Palace. Deux touristes anglais et une famille japonaise explorent les lieux avec curiosité. La majorité des cabines où l’on peut visionner des films sont vides. Dans la partie réservée au peep-show, Dame numéro 4 continue de se prélasser, mais la plupart des volets restent fermés. Et pourtant le dernier peep-show d’Amsterdam marche encore bien, dit Otten. « Surtout le week-end, quand il y a beaucoup de touristes anglais. »

Selon lui, la fermeture des peep-shows est un phénomène international. « A Anvers ils ont tous disparu, à Hambourg aussi. A Barcelone il y en avait cinq, mais il n’en reste plus qu’un. C’est très embêtant pour les filles qui font ce travail. Elles travaillent deux semaines ici, deux semaines ailleurs et puis elles font une tournée à travers l’Europe. On fait ça délibérément pour les habitués, afin qu’ils voient à chaque fois quelqu’un d’autre.

Lap-dance

Est-ce dommage pour Amsterdam que les peep-shows disparaissent ? Jan Otten voit les choses d’un point de vue purement commercial, sans nostalgie : « Non pas du tout. Ce n’est pas grave. Il y a encore tant d’autres choses dans le Quartier rouge, comme Casa Rosso et le Bananenbar, deux théâtres érotiques, qui m’appartiennent également. Ce peep-show marche encore très bien, donc je le garde. Si un jour il ne rapporte plus suffisamment d’argent, j’en ferai un bar de lape-dance. »

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