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Le coup magique du cube Maggi

Plus c’est gros, plus c’est beau ! En République démocratique du Congo (RDC), la mode des postérieurs bombés refait son apparition. Après des années plutôt plates, les rondeurs féminines attirent, à nouveau, l’attention du sexe opposé. Pour une belle paire de fesses, certaines femmes vont jusqu’à l’extrême : par voie anale, elles s’introduisent des suppléments alimentaires. Pas bon, disent les médecins.

Patou Nsimba

Comprimés de vitamines, jus de gingembre et de résidus, cubes de bouillon – voilà le régime kinois qui ne s’avale pas, au contraire. La gente féminine suit une mode alimentaire suppositoire et semble y croire.

[related-articles] »Je prends C-4 en sirop et en comprimés, le cube Maggi et le Tangawisi (jus de gingembre et ses résidus) avec prudence pour grossir … et cela marche ! » Sophie, du quartier Binza-Upn à Kinshasa, est convaincue que ce mix de suppléments alimentaires rend ses fesses plus rondes, plus attirantes, comme elle dit.

Micheline de Limete achète son C-4 en sirop (vitamines) et en comprimés dans une pharmacie de la place dans le quartier Bandal Moulaert. « Je mets 50 comprimés dans le produit en sirop, puis j’en prends avant d’aller me coucher. Je le prends une fois par semaine, parfois aussi toute la semaine. »

Henriette préfère le bouillon de Dongo-Dongo ‘Gombo’, une légume proche de l’hibiscus, au C-4. « Ce n’est pas de la blague. Les effets du C-4 me font dormir et me fatiguent fort, je les ai remarqués. » Cette jeune commerçante emploie aussi le « cube » une fois par semaine et assure qu’il fait grossir seulement « les fesses ». Sa conclusion : « Mieux valent le gombo et le cube pour avoir un beau popotin. »

[media:images]Effet de mode ou dictat masculin ?
Mais d’où vient cette envie de grossir pour se sentir belle ? Marco, jeune encadreur d’adolescents de la commune de Matete, pense que c’est une mode véhiculée par les médias et la publicité : « La série télévisée ivoirienne de Michel Gohou ‘Ma Famille’, avec l’actrice Nastou dotée d’une forte poitrine a été, à mon sens, le déclic pour les filles de Kinshasa. Il y a également la mode de la « taille basse » caractérisée par le port très bas du pantalon très moulant afin de faire ressortir les courbes de la femme. C’est en fait l’effet général de mode », dit il.

Un postérieur garni et une poitrine opulente demeurent des arguments de beauté de la femme africaine, pensent nombreux hommes kinois. « Pour moi, la femme doit avoir des fesses rebondies et des seins saillants. Là, je suis aux anges », déclare en souriant Patrick Masiala, cadre dans une entreprise de la place.

Chose que confirme Prisca, étudiante en psychologie à l’Université de Kinshasa : « Lorsqu’une fille ou une femme mince passe, les mecs ne cherchent pas vraiment à croiser son regard et connaître son identité. Aussitôt ayant aperçu une femme avec de la chaire, des fesses rebondies ainsi que des seins arrondis, ils se retournent illico et se lancent dans des commentaires. Oyo suka na mutuka ! (Ndlr, Splendide carrosse !) Muasi muasi ndé nzoto ! (NDLR, la femme, la vraie femme, c’est les rondeurs !). Il y a femmes qui aiment que les hommes fassent des éloges de leurs postérieurs ».

Effets secondaires
Mais pas toutes les femmes semblent avoir l’effet souhaité du traitement par voie anale, mais elles souffrent des effets secondaires, comme témoigne Sandrine : « Certaines filles de la capitale congolaise avalent 10 comprimés de C-4 avec une grande quantité de bouillie de maïs, puis elles s’endorment. Elles peuvent le faire pendant une à plusieurs semaines, mais malheureusement leurs postérieurs ne prennent jamais du poids. »

En effet, le corps humain élimine une partie des suppléments alimentaires pris par voie orale lorsqu’il y a surdosage. Mais lorsqu’on use de la voie annale, l’absorption des produits est quasi-totale. Selon Angèle Mwenze, femme médecin à l’hôpital militaire Lieutenant-colonel Kokolo de la commune de Lingwala, les conséquences de ce traitement peuvent parfois être tragiques. En dehors des répercussions inattendues, l’utilisation en surdose des produits chimiques aboutit à l’intoxication et à l’infection. « J’ai déjà vécu le cas d’une patiente qui en est décédée. Elle s’était pendant un temps livrée à cette pratique jusqu’à ce qu’un liquide sorte entre ses jambes. Elle était infectée. Malgré le traitement administré, elle a succombé. L’emploi du ‘cube’ par voie anale peut provoquer des fissures et des risques d’infections, un infarctus, une artérite des membres inférieurs ou un AVC (ndlr, accident vasculaire cérébral) ».

Dans le cas de Sophie Mabanza, la cure grossissante a montré des résultats, non seulement physiques : « Mon concubin a commencé à devenir distant, à faire des reproches et les discussions se suivirent dans notre couple. Donc il fallait que je fasse quelque chose d’autre pour le ramener à moi. Cela a marché. » Malgré les risques de santé, elle continue son régime – principalement dans l’espoir de ne pas perdre son concubin.

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